20 décembre 2015

Demain


Le 2 décembre 2015 Demain est sorti en salle. C'est un film documentaire de Cyril Dion et Mélanie Laurent. Il est le co-fondateur de l'ONG Colibri, qui est co-dirigé par Pierre Rabhi.
J'ai soutenu Demain sur la plateforme de crowfunding Kiss Kiss Bank Bank. Je fais partie des 10 000 particuliers qui ont aidé ce film à voir le jour. J'ai été tenue informée depuis de nombreux mois de l’avancée du tournage, des actualités, du montage, des avant-premières...

Au travers de grands thèmes (l'alimentation, l'énergie, la démocratie, l'éducation), des exemples positifs sont mis en avant, pour illustrer des réussites et bonnes pratiques, notamment :
- L'agriculture qui mixe les plantations pour avoir des rendements plus importants, tout en limitant les pesticides et les risques d'incendies. Mais aussi les "incredible edible" ou "incroyables comestibles" en français : des cultures au cœur des villes, disponibles pour tous ;
- L'île de la Réunion et son objectif de vivre à 100% en autonomie énergétique, les éoliennes et serres avec leurs toits recouverts de panneaux solaires fournissent de l'énergie à de nombreux habitants ;
- Une usine de papier qui investit pour produire mieux : 10 millions d'euros d’investissement depuis de nombreuses années ont rapporté 15 millions d'euros, en plus des béfices environnementaux. C'est donc rentable. Elle utilise des encres sans solvants toxiques, conditionne ses enveloppes en bobines pour limiter les emballages, se chauffe et s’éclaire en autonomie avec des panneaux solaires installés sur le toit ;
  - Des monnaies locales pour encourager l'activité autour de chez soi. Ainsi, dans une ville d'Angleterre, un billet de 21 livres a cours ! Il permet de faire ses courses dans les boutiques du quartier. Pouvoir éditer sa propre monnaie, comme le font les banques centrales, permet à l’économie de repartir en cas de crise ; 
- On découvre aussi le système scolaire finlandais qui, au travers de petites classes de 15 élèves, avec un professeur et un assistant, permet à chacun de se révéler : découvrir s'il est plus manuel ou cérébral et d’expérimenter ainsi ses qualités. On y apprend non seulement les matières classiques, mais aussi à cuisiner, ranger, tricoter... Pour l'apprentissage de la lecture, le professeur montre différentes méthodes et l’élève choisit celle qui lui convient le mieux.

Ce
ne sont que quelques exemples relatés le long des 2 heures de ce
film positif, ce que l'on appelle "journalisme constructif". Un film utile et pragmatique, pour faire en sorte que demain soit meilleur qu'aujourd’hui.  
 

29 novembre 2015

One Million Show


Jeudi dernier avait lieu à l'Olympia le One Million Show, soirée d'ING Direct pour célébrer son million de clients en France. Cette soirée était articulée autour du thème du changement de vie.

5 personnes sont d'abord venues sur scène, tour à tour, raconter leur parcours, dans un format proche des conférences Ted en 12 minutes chacun :
- le premier à monter sur scène - Vincent - était ingénieur. Il a décidé de devenir médecin. Il est actuellement étudiant en 5ème année et espère devenir généraliste en campagne ;
- Hanh a monté une association de micro-crédit qui est active dans plusieurs pays dans le monde (il s'agit de Zebunet);
- Stéphane, originaire du bordelais, a suivi des études multiples en commerce et management et a travaillé en finance et consulting. Il a ouvert 2 boutiques à Paris pour faire  découvrir les vins du monde entier au travers de dégustations et conseils (boutiques Wine by One) ;
- enfin, Francis et Anaïs, père et fille, ont ouvert leur boulangerie il y a 2 ans, alors que lui s'est retrouvé au chômage à l'âge de 55 ans. Il a passé son CAP de boulanger et a conclu un pacte avec sa fille qui travaillait en entreprise après une école de commerce. Leur boulangerie pâtisserie s'appelle La fille du boulanger, elle est située dans le 17ème arrondissement de Paris.
Tous les 5 ont été coachés pendant plusieurs semaines. Ils étaient à l'aise face à 2 000 personnes ! Leurs témoignages étaient drôles, émouvants et inspirants.

François-Xavier Demaison a ensuite fait rire la salle durant 1 heure. Il a lui aussi un parcours atypique, puisqu'il est passé de fiscaliste à New York à comique et comédien, après le choc du 11 septembre 2001. Il a fait un mix d'anciens et nouveaux sketches avec des caricatures, imitations, interactions avec les spectateurs. En bref, un bon moment d'humour !

C'est la première fois que je retourne voir un spectacle depuis les attentats du 13 novembre. Comme on dit, "The show must go on"... Cela fait du bien de rire dans une salle de spectacle autour de proches et inconnus et partager une soirée ensemble.
 

19 novembre 2015

Mon roi


Mon roi est le dernier film de Maïwenn. Il raconte la rencontre de Tony et Georgio - aka Emmanuelle Bercot et Vincent Cassel - et l’évolution de leur couple, confronté en parallèle à la rééducation des ligaments croisés du genou de Tony suite à une chute à ski.

Vincent Cassel est flambeur et flamboyant, charmeur, violent non par des gestes brutaux mais d'une emprise psychologique. En un tour de passe passe ou un cadeau, il manœuvre son entourage. Une scène typique de son pouvoir est le choix du prénom de leur enfant, c'est lui qui décide au final. C'est un rapport dominant dominé. Elle retombe sous son emprise, systématiquement.

La musique est peu présente dans le film, sauf au moment de leur rencontre en discothèque sur le morceau Easy de Son Lux qui convient parfaitement à cet instant, dont voici le clip :


Louis Garrel, qui joue le frère de Tony, est pétillant. Il est irrésistible dans ce second rôle, tandis que celle qui incarne sa femme, Isild le Besco, la petite sœur de la réalisatrice, ne m'a pas convaincue. Chrystèle Saint-Louis Augustin, en mannequin, ex de Georgio et toujours dépendante à lui, est plutôt crédible.

Au centre de rééducation, on retrouve Norman Thavaud, le youtubeur de Norman fait des vidéos. Il formule quelques répliques bien senties dont une en référence à la Haine... qui a révélé Vincent Cassel sous la caméra de Mathieu Kassovitz en 1995 déjà !

Le montage réussi, en alternant les deux périodes, apporte beaucoup à la narration. Il permet de confronter les destructions successives de la vie de couple et la reconstruction physique et mentale en rééducation de Tony. Il n'a pas été effectué par la réalisatrice qui est en revanche également co-scénariste.

Emmanuelle Bercot a reçu le Prix d'interprétation au dernier Festival de Cannes. C'est largement mérité, elle est juste tout an long du film. Emmanuelle Bercot était actrice et co-scénariste de Polisse. Maïwenn et elle poursuivent donc leur collaboration. Côté masculin, Vincent Cassel aurait pu recevoir un prix également, mais Vincent Lindon dans La loi du marché l'a remporté cette année.

Le cinéma de Maïwenn est en général percutant et intense. C'est un bon film, mais il m'a moins marquée et ébranlée que Polisse ou Le bal des actrices.

8 novembre 2015

Fondation Louis Vuitton


 
 
Je me suis rendue dimanche dernier à la Fondation Louis Vuitton, profitant d'un temps printanier en ce premier jour de novembre. 

Le bâtiment ressemble à un vaisseau ou un bateau gigantesque. Ce lieu est ouvert depuis tout juste une année. Il a nécessité sept années de conception et autant de construction. J'ai été fascinée par l'architecture de Franck Gehry (qui a également signé à Paris la Cinémathèque de Bercy), son intégration à l'espace et l’environnement, notamment au Jardin d'acclimatation qui est mitoyen. Différentes matières composent la structure : béton, acier, bois, verre et verre sérigraphié. Des tripodes la soutiennent. 
 
Au niveau inférieur, une création d'Olafur Eliasson évolue dans le temps avec des jeux de miroirs et de lumières tel un kaléidoscope géant.
Une exposition temporaire Pop et Musique est visible actuellement et jusqu'en janvier 2016 avec des œuvres de Jean-Michel Basquiat, Andy Warhol, Adam McEwen, Christian Marclay...

La visite est très agréable. On se perd un peu dans les différents espaces car les niveaux regorgent de recoins divers, leur agencement n'est pas linéaire. On trouve des terrasses aux niveaux supérieurs.

A chaque  niveau, on peut faire appel à des médiateurs présents sur place : ils commentent les œuvres, expliquent leur histoire et pourquoi elle sont présentées au sein de la Fondation. C'est très agréable, j'ai été conquise par cette visite baignée de lumière.

5 novembre 2015

Valérie Lemercier


C'est la première fois que je vois Valérie Lemercier sur scène. Elle a décidé, dès ses premiers spectacles, de ne jamais les filmer. Donc, pour pouvoir se faire une idée de ce qu'elle propose, il faut obligatoirement se déplacer en salle.

Elle débute celui-ci par une petite danse. Sa silhouette longiligne, toute de noir vêtue, se déplace avec légèreté sur la scène du théâtre du Châtelet. Elle campe des personnages hauts en couleurs, parmi lesquels : 
- Joy, une gourou américaine de la detox, avec une diction improbable et indescriptible, qui prône un régime alimentaire sans graisse, viande, légume, poisson, gluten... et qui a pour credo "vive le quinoa !" ;
- la jeune fille d'une psychanalyste qui consulte à domicile et qui ressemble en certains points à Odeline du cultssime sketch de l'Ecole des fans avec les Nuls ;
- une femme à la plage qui se confie à une copine : elle trouve son mari très con ;
- un homme récemment veuf qui raconte à son fils combien sa femme le satisfaisait... sur tous les plans, sans aucune pudeur ! C'est ce décalage entre la situation du décès, les phrases très crues et le rapport père/fils qui est la source de l'humour ;
- une mère de famille bourgeoise qui engueule ses enfants aux prénoms improbables, à cause de l'appartement qui est un vrai dépotoir. C'est l'un de mes sketchs préférés, elle maîtrise ce personnage qui est très attendu ;
- et bien d'autres. 

Les sketchs s'enchaînent avec beaucoup de variété et d’originalité. Elle a vraiment un ton unique. J'ai trouvé le spectacle trop court ! Il dure pourtant 1h30 sans entracte, avec deux rappels : le premier en professeur de danse classique, exigeant et hystérique, et le second en Jean d'Ormesson, qui cite Stromae en clamant "seule Kate Moss est éternelle" : absolument jouissif !
Il y a également un running gag avec une valise : elle traverse la scène de droite à gauche en parlant, installe une situation et un personnage en deux ou trois phrases seulement et décrit une situation absurde, cocasse, ... c'est à mourir de rire !

Mademoiselle Lemercier, duhaut de ses a 51 ans - comme elle le dit elle-même à la fin de son spectacle en citant sa fiche Wikipedia - m'a fait passer une très bonne soirée. Elle poursuit son spectacle au Casino de Paris en décembre. Je vous le conseille si vous êtes sensible à son univers.
 

28 octobre 2015

L'homme irrationnel


Je me réjouis à chaque automne de découvrir le dernier opus de Woody Allen.

Dans L'homme irrationnel, Joaquin Phoenix, présent pour la première fois dans l'univers du réalisateur, campe Abe Lucas, un professeur de philosophie n'ayant plus le goût de vivre. Il rejoint l'université de Braylin, une petite ville provinciale, pour y enseigner. Désespéré, il en arrive même à jouer à la russian roulette devant un groupe d'étudiants lors d'une soirée.
L'étudiante Jill Pollard, incarnée par Emma Stone, est fascinée par ce professeur. Malgré sa relation avec son petit ami, elle est troublée d'abord par ses thèses puis par l'homme et son charisme.
Parker Posey incarne un professeur de chimie, collègue de Abe, et également sous son charme.
Ce film est l’occasion de retrouver Jamie Blackley, vu dans le mélo If I Stay, dans un rôle un peu lisse : Il joue Roy, le petit ami de Jill.

On passe dans ce film de la comédie (romantique) au drame, avec la recherche du crime parfait. C'est un thème cher au réalisateur puisqu'il est traité également notamment dans Scoop, avec sa précédente muse Scarlett Johansson face alors à Hugh Jackman. Ce dernier film a beaucoup de similitudes avec Scoop, quand on y pense, la présence de Woody Allen en tant qu'acteur en moins dans celui-ci.

Emma Stone, déjà présente dans le précédent opus du réalisateur, Magic in the Moonlight, joue une amoureuse pleine de charme et une enquêtrice hors pair.

C'est un film agréable et bien interprété, mais peu surprenant malgré le changement de ton. Le dénouement est dans la veine d'autres films de Woody Allen, rempli de sérendipité.

20 octobre 2015

Warhol Unlimited


L'exposition Warhol Unlimited au Musée d'Art Moderne présente plus de 200 œuvres.

L'exposition débute par 32 peintures représentant les fameuses conserves de Campbell's Soup réalisées en 1962 et des autoportraits de l’artiste.

A la Factory, atelier de Warhol, il réalise des screen tests de Nikki de Saint Phalle, Edie Sedgwick, Denis Hopper... Tout le monde est sur un pied d'égalité dans ces essais filmés en noir et blanc, désacralisé.

Un portfolio de 10 sérigraphies Electric chairs est affiché sur un papier peint de fond jaune fluo avec des têtes de vaches rose fluo, papier peint Cow qui annonce déjà la couleur sur la façade du musée.

Studies of Jacky, en 1964, nous montrent la première dame, Jacky Kennedy, à la manière d'un roman photo, une image vidée de son sens, comme un produit de consommation.

La série Flowers est reproduite en petit et grand formats. On est saturé du même motif psychédélique.

La salle Mao montre des peintures lisses, comme des affiches publicitaires, avec un visage peint comme un masque.

On peut ensuite découvrir des extraits de concerts du Velvet Inderground. En 1967, Warhol produit et conçoit la pochette de leur premier album et devient l’impresario du groupe mené par Lou Reed.

Après les Silver clouds en mouvement, Empire est un film sur l'Empire State Building, composé d'un plan fixe sur ce monument.

La salle Shadows apporte une conclusion impressionnante à l'exposition ! En 1978, Warhol a répondu à une commande et réalisé 108 peintures avec le même motif. Les tableaux sont accrochés bord à bord. L'impression visuelle est énorme : on est saturé par cette perspective dans une pièce qui s'étire en longueur.
 
Une animation autour du "quart d'heure de célébrité", permet aux visiteurs de repartir avec leur portrait en mode pop art, comme sur l'affiche de l'exposition.

L’exposition est présentée jusqu'au 7 février 2016. 

14 octobre 2015

Où on va, papa ?


Une fois n'est pas coutume, j'ai décidé d'écrire un article au sujet d'un livre. Où on va, papa ?, de Jean-Louis Fournier, a reçu le Prix Fémina en 2008. C'est le seul livre que j'ai lu de cet auteur très prolixe, puisqu'il a écrit plus de 10 ouvrages.

C'est un récit autobiographique qui raconte la vie de l'auteur avec ses deux fils handicapés, Mathieu et Thomas, depuis la découverte de leur handicap et la vie avec, ou plutôt sans : sans école, sans métier, sans croissance, sans avenir...

Le titre fait référence à l'une des phrases que Thomas répète sans cesse, quand il est dans la Camaro de son père. C'est un gimmick qui réussit à faire rire l'auteur par sa fréquence. Jean-Louis Fournier parvient à retirer de la poésie de ces situations et à en rire, seul ou avec sa femme.

Le livre est fait de micro-chapitres de 1 à 2 pages, des réflexions sur des situations du quotidien. L'auteur fait preuve d'humour, parfois noir. Les pensées sont très bien formulées, avec le mot juste, souvent à double sens. Par exemple, il répond négativement à une association qui quête dans la rue en pensant "les enfants handicapés, j'ai déjà donné".

C'est un petit livre en terme de nombre de pages, mais c'est surtout extrêmement touchant. C'est une immense déclaration d'Amour d'un père à ses fils, quelle que soit leur conditions physique et mentale.

11 octobre 2015

Marc Chagall : Le Triomphe de la musique


J'ai eu la chance d'être invitée au vernissage de l'exposition Chagall : Le Triomphe de la musique à la Philarmonie de Paris. L'exposition regroupe environ 300 œuvres très variées : peintures, dessins, costumes, sculptures et céramiques, qui sont les commandes décoratives et architecturales liées à la musique qu'a honorées Marc Chagall. 

On commence la visite par la découverte du plafond de l'Opéra Garnier, peint en 1964, qui avait fait couler beaucoup d'encre au moment de sa création, il y a 50 ans déjà. Cette première salle magistrale est accompagnée de musique classique.
On remonte le temps en continuant l’exposition et en découvrant la deuxième salle autour de La flûte enchantée qui présente des costumes et décors.
Puis, de nombreuses sculptures sont présentées, de l'époque de Saint Paul de Vence, réalisées dans les années 60.
On peut également admirer des costumes et décors pour le ballet Aleko en 1942 à Mexico ou encore ceux de L'Oiseau de feu.
Les années 20 correspondent à la recherche de rythme et de mouvement. Une gigantesque fresque pour le Théâtre d'art juif en témoigne.
On retrouve des tableaux magistraux et connus comme La Danse, mais on découvre aussi des petites merveilles comme un dessin de Charlie Chaplin tout en délicatesse ou des esquisses mêlant peintures aux couleurs vives et aplats d'or. 

La Petite Boîte à Chagall se tient dans la bâtiment originel de la Cité de la Musique. Cette seconde partie de l'exposition propose, pour les enfants accompagnés de leurs parents (ou les grands enfants !), des jeux autours de son univers. C'est très ludique et réussi.

L'exposition se tiendra du 13 octobre 2015 au 31 janvier 2016. 
 

7 octobre 2015

Sicario



Sicario signifie tueur à gage en espagnol. Le sous-titre du film sur son affiche : la loi n'est plus la règle.

Je suis allée voir Sicario en premier lieu parce que c'est un film de Denis Villeneuve, réalisateur canadien, qui m'a profondément troublé et marqué avec le précédent Incendies et avait également réalisé le thriller réussi Prisoners. C'est la première fois que je vois l'un de ses films en salle.
Il a été présenté en compétition officielle au dernier Festival de Cannes.

Emily Blunt incarne Kate Macer, une employée du FBI depuis quelques années, qui est catapultée au Mexique pour une mission de lutte contre les cartels, avec des équipiers loin des méthodes traditionnelles.
Elle se demande particulièrement quelle est la fonction et à qui est rattaché Alejandro (Benicio del Toro) : est-il du département de la Défense ou de la CIA ? Mystère, elle se heurte à des interrogations qui trouvent pas de réponse auprès de Matt Graver (Josh Brolin)...

Le film est tourné en langues américaine et espagnole.

Emily Blunt est quasiment le seul personnage féminin de tout le film, féminin si l'on peut dire car elle revêt tous les codes vestimentaires d'un personnage masculin avec ses habits informes, de couleur neutre, sans maquillage et ne prêtant aucun soin pour son apparence.

Ce film pose des questions sur la situation actuelle des cartels au Mexique : comment faire pour les démanteler ? Est-ce que les méthodes traditionnelles arrivent à leurs fins ou est-ce que des méthodes qui contournent la loi mais arrivent à leurs objectifs sont plus efficaces ?

En sortant du cinéma, on est encore sous tension, le ventre noué. La scène en vision nocturne est particulièrement réaliste. Ce film est très dur et violent, percutant. La musique est angoissante jusqu'au générique final inclus.
C'est un thriller suffoquant et réaliste, porté par la très convaincante Emily Blunt et Benicio del Toro en agent trouble.
 

24 septembre 2015

Le cercle des illusionnistes



J'avais déjà été conquise par Le porteur d'histoire, vu en mai 2014. 

Dans cette nouvelle pièce, Alexis Michalik joue avec les mêmes ressors : 6 acteurs qui interprètent sur scène une vingtaine de rôles, avec des histoires qui s'imbriquent sur différentes périodes. 
On y découvre notamment les destins croisés de Jean-Eugène Robert Houdin, le plus célèbre illusionniste français du 19ème siècle, et Georges Méliès, réalisateur de films considéré comme l'un des principaux créateurs des trucages au cinéma.

On assiste à de nombreuses mises en abyme, avec du théâtre dans le théâtre, et à la naissance sur scène d'un autre art, le 7ème...

Le cercle des illusionnistes a été créé au Théâtre de la Pépinière Opéra en janvier 2014. Cette longévité est un gage de qualité.
 
Cette pièce a reçu 3 Molière, les récompenses du théâtre : les Molière de l'auteur et de la mise en scène pour Alexis Michalik et celui de la révélation théâtrale pour Jeanne Arènes qui ne joue pas moins de 7 rôles dans cette pièce, tous avec une incarnation jubilatoire.

C'est brillant, rythmé, extrêmement bien interprété. Il y a plus d'humour que dans sa précédente pièce. Les tours de magie sont agréables à voir. Les acteurs sont devenus de véritables professionnels de l'escamotage !
 

17 septembre 2015

Dheepan


Dheepan, film de Jacques Audiard, a reçu la Palme d'Or au dernier Festival de Cannes.

Ses précédents films m'ont particulièrement touchée : Sur mes lèvres (avec le duo Emmanuelle Devos et Vincent Cassel), Un prophète avec la révélation Tahar Rahim, Un héros très dicret avec Mathieu Kassovitz magistral qui enchaîne les mensonges, De battre mon cœur s'est arrêté qui m'a réconciliée avec Romain Duris...
Ce sont des films chocs, qui prennent aux tripes, où la violence est souvent présente pour servir l'histoire.

Ce film raconte l'arrivée en France de Dheepan, un ex soldat, une femme prénommée Yalini et une fille de 9 ans Illayaal. Ils viennent du Sri Lanka où la guerre civile fait rage. Ils se font passer pour une famille afin de s'intégrer plus facilement, alors qu'ils ne se connaissent pas.
Dheepan devient gardien de la cité des Prés, en région parisienne, où la violence est omniprésente et où certains clans font la loi. Brahim (incarné par Vincent Rottiers), sorti de prison et chef de bande du quartier, règne sur les bâtiments. On sent que la poudrière pourrait facilement s'embraser et que la tranquillité apparente n'est illusion. La violence monte inexorablement jusqu’aux dernières scènes du film...

Ce qui est touchant dans ce film c'est la relation qui se crée entre cette pseudo famille. Dheepan veut croire à son couple fictif alors que Yalini ne rêve que d’Angleterre où sa vraie famille se trouve. Ce décalage est poignant.
Il y a également des problèmes de langue et de traduction, avec la petite fille qui joue au début les interprètes de fortune.

Il y a des passages drôles, notamment dans la relation qui s'établit entre Yalini et Brahim. Par exemple, quand elle lui demande si le bracelet électronique qu'il porte à la cheville sert à mesurer les kilomètres parcourus en jogging ou quand il lui demande pourquoi elle hoche systématiquement la tête même quand elle ne comprend pas et qu'il l'imite.

Dans le contexte actuel où les réfugiés et migrants font la une des journaux télévisés, ce film est bien évidemment d'actualité.
C'est toujours bien joué, même si certains ne sont pas des acteurs professionnels.
J'ai apprécié le film globalement, mais j'ai été un peu déçue par sa fin. Ce n'est pas mon film préféré de Jacques Audiard, mais cela reste un bon film, qui est présélectionné pour représenter la France aux prochains Oscars.