28 juillet 2019

Yesterday


Yesterday de Danny Boyle est à la fois un film musical et une comédie/comédie romantique. Le scénario est signé Richard Curtis, qui est à l'origine de nombreuses comédies romantiques, parmi lesquelles Quatre mariages et un enterrement, Love actually et la saga des Bridget Jones.

Jack Malik (Himesh Patel) est un chanteur anglais qui galère, sur le point d'abandonner toute carrière artistique, malgré l'implication d'Ellie (Lily James), sa manager et amie depuis l'enfance. Après une brève coupure électricité mondiale, Jack se révèle être le seul à se souvenir de l’existence des Beatles. Il va alors s'approprier leurs chansons et connaître un succès fulgurant. Submergé par le syndrome de l'imposteur, il ne sait pas comment gérer cette réussite mondiale, tout en mentant à tous dont ses proches...

Ce pitch m'a fait penser a priori au film Jean-Philippe, sorti en 2005 et qui m'avait beaucoup plu, dans lequel Johnny Hallyday n'existait pas et Fabrice Luchini, son plus grand fan, essayait de convaincre Jean-Philippe Smet de (re)devenir cette star du rock. Mais, en pratique, le parallèle s'arrête là : ces deux films n'ont rien à voir.

Himesh Patel est convaincant dans son évolution et son interprétation personnelle des chansons de Beatles musclée et rageuse est réussie. Drôle de coïncidence : l'acteur Himesh Patel n'a aucun lien avec Dev Patel, révélé par Slumdog millionaire, succès planétaire en 2008 du même réalisateur. Tous deux sont nés dans la banlieue de Londres et ont débuté à la télévision anglaise.
Lily James, actrice britannique déjà remarquée entre autres dans la série Downtown abbey et dans Cendrillon de Kenneth Branagh, est éblouissante de naturel et de simplicité.
C'est drôle de voir Ed Sheeran, qui joue son propre rôle, s'incliner devant le talent de Jack et l'universalité de ses compositions.
Kate McKinnon, qui a débuté dans les late show américains, incarne une manager cupide trash et sans cœur.

La mise en scène est moderne, pop et s'avère être spectaculaire lors des scènes de concert.

A noter quelques private jokes savoureuses liées aux paroles des chansons des Beatles, par exemple quand Jack demande à Ellie si elle sera toujours là quand il aura 64 ans, référence au tube When I'm sixty-four.

J'ai toujours aimé les films de Danny Boyle pour leur originalité, qu'il soit ou non à l’origine du scénario, leur ancrage dans des sujets de société et leur rythme. Yesterday est un feel good movie parfait pour la période estivale, également très drôle via tous ses personnages et les situations désopilantes. Comme avec Rocketman, le récent biopic sur Elton John, on ne peut pas s'empêcher de fredonner les chansons entendues pendant la séance en sortant.

21 juillet 2019

Douleur et gloire


Douleur et gloire de Pedro Almodovar a été présenté au Festival de Cannes. C'est son 6e film en compétition officielle et le 21e de sa carrière.

Salvador Mallo (Antonio Banderas) est un réalisateur vieillissant, perclus de douleurs physiques le contraignant à rester chez lui, qui n'a pas tourné depuis longtemps. A l'occasion de la ressortie de son film Sabor, Salvador tente de renouer avec l'acteur principal Alberto, qu'il n'a pas revu depuis le tournage il y a plusieurs décennies. Des retrouvailles qui en amèneront d'autres...

Ce film est un retour aux sources pour Almodovar, un récit dans lequel s'entremêle fiction et réalité, au travers de l'exploration de thèmes qui lui sont chers : il opère un retour à l'enfance et à ses souvenirs. 

Après plusieurs films ensemble dans les années 1980-1990 (Femmes au bord de la crise de nerfs, Attache-moi !, La loi du désir...) et La piel que habito en 2011, Antonio Banderas retrouve la caméra de Pedro Almodovar, dans cette fresque avec des personnages masculins forts. Il a remporté le prix d'interprétation masculine pour ce rôle qui est le double du réalisateur : l'ombre de la silhouette sur l'affiche en atteste. Il y a des similitudes dans leurs attitudes, le choix des costumes et jusqu'à la décoration de l'appartement de Salvador.

Sa muse Penélope Cruz - avec qui il a travaillé dès 1997 pour En chair et en os, puis Tout sur ma mère, Volver, Étreintes brisées et Les amants passagers - incarne la figure maternelle du jeune Salvador, une mère dévouée et aimante, qui parvient à rendre chaleureuse leur maison troglodyte typique du sud de l'Espagne.

J'ai apprécié ce film, mais ce n'est pas mon opus préféré de ce réalisateur (j'aurais du mal à choisir entre Tout sur ma mère, Parle avec elle et Volver I). J'ai été un peu déçue par rapport à mes attentes très fortes au vu des critiques dithyrambiques, qui parlaient de chef-d’œuvre traduisant l'essence même de son cinéma et méritait la Palme d'or. Ce n'est pas mon avis, cela restera un bon moment cinématographique, mais pas inoubliable à mes yeux.
 

14 juillet 2019

Rocketman


Rocketman est le cinquième film de Dexter Fletcher, présenté hors compétition au Festival de Cannes. Sa prochaine réalisation devrait être le troisième volet des aventures de Sherlock Holmes, avec Robert Downey Jr et Jude Law.

Le film commence et se termine en rehab : Elton John se bat contre de nombreuses addictions (alcool, drogue, boulimie et achats compulsifs). Reginald Dwight - son pseudonyme vient des prénoms des membres de son premier groupe - grandit entre un père absent et sévère et une mère plus aimante mais malheureuse en couple. Il rêve de devenir compositeur et chanteur. On suit sa vie et sa carrière, depuis l'enfance dans la banlieue de Londres, jusqu'aux années 80 et le clip de la chanson I'm still standing, tourné sur la croisette de Cannes, qui célèbre sa victoire sur ses addictions.

Rocketman est à la fois un biopic et une comédie musicale, avec une mise en scène intégrant des passages oniriques et flamboyants. Les costumes à paillettes colorés, les chaussures et lunettes excentriques sont semblables en tout point aux originaux.

Taron Egerton, révélé par les films Kingsman, livre une interprétation épatante : il campe un Elton John saisissant et a été adoubé par la popstar. Il ne lui ressemble pas physiquement au départ, mais a capté son essence, à savoir son attitude et son exubérance. Il chante sans doublure vocale toutes les chansons du film.

Jamie Bell (inoubliable Billy Elliot) incarne Bernie Taupin, le parolier et complice d'Elton depuis leur rencontre à l'adolescence.

Le film, co-produit par Elton John et David Furnish (son compagnon de longue date), n'épargne pas son image. Elton John a déclaré que tout était vrai dans ce film... en tout cas, d'après ses souvenirs de l'époque !

On sort du cinéma en prolongeant le film en chantant ses chansons. Cela m'a donné envie de le voir en concert l'année prochaine pour sa dernière tournée mondiale. Un film réjouissant et dynamisant, malgré les passages plus sombres de sa descente aux enfers.

7 juillet 2019

Hammershøi, le maître de la peinture danoise


Le musée Jacquemart André consacre une rétrospective à Vilhelm Hammershøi (1864-1916). Ce maître de la peinture danoise, peu connu du grand public en France, fait partie du mouvement scandinave.

Toutes les facettes de son travail, datant de plusieurs périodes, sont représentées au travers de portraits, de nus, de paysages, et surtout d'intérieurs qui l'ont rendus célèbre. En effet, Hammershøi fascine par ses intérieurs de toute beauté, dont émane une atmosphère de plénitude et une lumière incroyable. Ses modèles sont ses proches : sa mère, sa sœur, son frère, son beau-frère et son épouse Ida, souvent présentés de dos.

Les œuvres exposées sont rares, certaines sont inédites en France. Elles proviennent de musées du Danemark et de Suède, du musée d'Orsay, de la Tate de Londres, et de collections particulières.

Une quarantaine de peintures envoutantes et poétiques sont exposées jusqu'au 22 juillet.