1 novembre 2023

Une année difficile


Une année difficile est la dernière comédie du duo Eric Toledano & Olivier Nakache. 

Albert (Pio Marmaï), manutentionnaire à l'aéroport de Roissy, survit grâce à des combines en tous genres. C'est lors de l'une d'elles qu'il fait la connaissance de Bruno (Jonathan Cohen) qui est au bout du rouleau. Ils vont se recroiser et intégrer un groupe de jeunes militants écologistes mené par Cactus (Noémie Merlant). Ils vont tout d'abord les rejoindre par opportunisme avant de s'engager pour de bon...

Après SambaLe sens de la fête et Hors normes, Eric Toledano et Olivier Nakache signent une comédie de 2 heures qui leur ressemble : partant d'un sujet très actuel et sérieux (la surconsommation et l'éco-anxiété face au changement climatique) et traité avec un ton humoristique. C'est par exemple très drôle quand les activistes choisissent leurs surnoms (Poussin pour Albert et Lexo pour Bruno) et découvrent leurs noms de famille complets. C'est également le cas de la furie de la scène d'ouverture lors du Black Friday. La chanson La valse à mille temps de Jacques Brel qui l’accompagne augmente l'effet comique. L'air est également présent en clôture du film avec un tout autre sous-texte.
 
Le duo de réalisateurs avait déjà travaillé avec Pio Marmaï sur la série En thérapie. Dans ce registre plus léger, il est tout aussi convaincant. Sa maladresse face à Cactus est attendrissante.
Jonathan Cohen, d'abord déprimé, puis activiste motivé, apporte toute sa tendresse et sa drôlerie à son personnage via une mauvaise foi souvent communicative.
Leur complicité transparaît à l'écran, le duo fonctionne : ils dégagent tous deux une humanité touchante qui est amplifiée par leur faux pas.

Noémie Merland confirme que la comédie lui sied à ravir, après L'innocent de Louis Garrel qui lui avait valu un César. 

Le personnage incarné par Mathieu Amalric travaille dans une association qui aide les particuliers en situation de surendettement. Son mantra avant d'acheter quelque chose est "Est-ce que j'en ai besoin ? Est-ce que j'en ai vraiment besoin ? Est-ce j'en ai vraiment besoin maintenant ?". On se rend compte par la suite qu'il a du mal à le suivre !

Grégoire Leprince-Ringuet incarne un activiste, bras droit de Cactus. Malgré sa filmographie étoffée, il restera toujours à mes yeux Erwan le jeune breton de la comédie musicale Les chansons d'amour. 

Eric Toledano et Olivier Nakache signent un retour réussi avec une comédie enlevée et drôle sur un sujet actuel.

21 octobre 2023

Nicolas de Staël au Musée d'Art Moderne


Le Musée d'Art Moderne de la ville de Paris consacre une grande rétrospective à Nicolas de Staël. 

L'exposition suit l'ordre chronologique, de sa naissance à Saint-Pétersbourg en 1914, à son suicide dans son atelier en 1955. 

Elle débute par son voyage au Maroc en 1936, puis par ses ateliers successifs, jusqu'aux séjours en Sicile en 1953 et à son installation à Antibes en 1954. 
 
Voici quelques unes des œuvres qui m'ont plues ou interpellées :

Cahier du Maroc : Étude de femmes arabes

Histoire naturelle 

Oiseau noir 

Parc des Princes 

Fleurs grises

Mer et nuages

Étude de nu

Le soleil

Agrigente 

Paysage sur fond rose

Bateaux 

Trois poires 

Les poissons
 
Boîte à couleurs de Nicolas de Staël

Quelques citations ponctuent le parcours de visite. Elles traduisent l'esprit parfois torturé de l'artiste et son urgence à créer :

"C'est si triste sans tableaux la vie, que je fonce tant que je peux."

"L'espace pictural est un mur mais tous les oiseaux du monde y volent librement."

"Le large est à tout le monde, seulement chacun a des narines différentes pour en percevoir ce qu'il peut."

"Toute ma vie j'ai eu besoin de penser peinture, de voir des tableaux, de faire de la peinture pour m'aider à vivre, me libérer de toutes les impressions, toutes les sensations, toutes les inquiétudes auxquelles je n'ai jamais trouvé d'autres issues que la peinture."

L'exposition est à voir jusqu'au 21 janvier 2024. 
 

24 mars 2022

Goliath


Goliath est un film co-scénarisé et réalisé par Frédéric Tellier avec Gilles Lellouche, Pierre Niney et Emmanuelle Bercot.
 
Patrick (Gilles Lellouche) est un avocat reconverti en droit environnemental ; Mathias (Pierre Niney) est lobbyiste au sein du cabinet international Better world ; France (Emmanuelle Bercot), professeur de gym le jour, manutentionnaire la nuit, milite activement contre l'usage des pesticides. Ces trois personnages vont se croiser suite à un événement tragique, quelques semaines avant le vote du renouvellement de l'autorisation du pesticide tétrazine du laboratoire Phytosanis au parlement européen...
 
Pierre Niney, technicien du BEA dans Boîte noire, avait déjà tourné avec le réalisateur dans Sauver ou périr. Dans ce film, il est cynique à souhait et révèle tout le pouvoir de la rhétorique. Il manipule son auditoire, au travers d'images fallacieuses, en expliquant par exemple que les bonbons que l'on donne à ses enfants sont plus risqués que l'usage des pesticides, ses éléments de langage étant repris par toutes les parties prenantes.

Gilles Lellouche, vu récemment dans Bac nord m'a impressionnée et touchée dans ce rôle. Au fur et à mesure du film, il va s'impliquer personnellement et prendre des risques importants pour la quête de la vérité et de la justice.
 
J'aime Emmanuelle Bercot autant en tant qu'actrice (Polisse, Mon roi, Fête de famille) que réalisatrice (La fille de Brest, La tête haute, certains épisodes de la deuxième saison d'En thérapie seront bientôt disponibles). Son engagement et la justesse qui se dégagent des personnages qu'elle incarne me convainc à chaque fois. Au départ, Frédéric Tellier lui avait proposé le rôle de l'avocat, puis celui du lobbyiste... et enfin celui de la militante ! Selon elle, tous les personnages étaient complexes et intéressants à défendre. Dès lors elle s'est investie dans le rôle de France.
 
Dans le casting, sont également présents :
- Laurent Stocker, collègue de Pierre Niney qui a plus d’ancienneté dans le cabinet,
- Marie Gillain - que je trouve trop rare au cinéma - journaliste et ex copine de Gilles Lellouche,
- Jacques Perrin, expert des effets sur la santé d'une exposition à des pesticides,
- Yannick Renier, très émouvant dans le rôle de Zef, le mari d'Emmanuelle Bercot. La scène du bain de minuit est magnifique en terme de photo et celles avec sa fille sont émouvantes.

Le film se conclut par une citation de Mary Oliver : "Dis-moi qu'entends-tu faire de ton unique sauvage et précieuse vie ?".
Porté par un casting formidable, Goliath est un film actuel,
engagé et utile. Il nous prouve qu'à force d'acharnement, David peut réussir à vaincre Goliath.
 

17 février 2022

Les promesses


Les promesses est un film de Thomas Kruithof avec Isabelle Huppert et Reda Kateb.

Clémence (Isabelle Huppert) est maire d’une ville de banlieue située dans le 93. Elle se démène avec son directeur de cabinet Yazid (Reda Kateb) pour réhabiliter le quartier des Bernadins, confrontée aux marchands de sommeil et à des logements insalubres. Elle a prévu de terminer son mandat et de laisser la main à son adjointe Naidra (Naidra Ayadi). Mais, elle est contactée pour devenir ministre lors d'un prochain remaniement. Son ambition personnelle va-t-elle lui faire revoir ses plans de carrière ?

C'est un film sur le milieu de la politique, qui met en lumière les manigances et les jeux de pouvoir en son sein. Comme le dit le personnage incarné par Reda Kateb : "Une promesse non tenue ce n'est pas un mensonge". Quant à Isabelle Huppert, elle emploie des éléments de langage offensifs pour convaincre ses administrés : "Je ne suis pas là pour vous dire qu'on va se battre, je suis là pour vous dire qu'on va gagner".
 
Isabelle Huppert, Reda Kateb et Naidra Ayadi sont encore une fois convaincants dans leurs rôles respectifs.
Jean-Paul Bordes, Laurent Poitrenaux et Soufiane Guerrab viennent compléter ce casting impeccable.

Le rythme et l'intensité vont crescendo jusqu’au dénouement qui tient en haleine.

Ce drame qui flirte avec le thriller est une bonne surprise, alors que le milieu politique aurait pu me rebuter a priori, grâce à un casting réussi et une intrigue captivante.

8 février 2022

Numéro deux

 
Numéro deux est le nouveau roman signé par David Foenkinos.
 
L'incipit décrit l'intrigue de façon explicite : "En 1999 débutait le casting pour trouver le jeune garçon qui allait interpréter Harry Potter et qui, par la même occasion, deviendrait mondialement célèbre. Des centaines d'acteurs furent auditionnés. Finalement, il n'en resta plus que deux. Ce roman raconte l'histoire de celui qui n'a pas été choisi". 
La postérité retient le numéro un, à savoir Daniel Radcliffe ; Numéro deux c'est l'histoire de Martin Hill.

J'ai lu la plupart des livres de l'écrivain, depuis la découverte de ses œuvres avec La délicatesse, le très émouvant Charlotte qui relate la biographie de l'artiste Charlotte Salomon, Le potentiel érotique de ma femme, Nos séparations, Vers la beauté, Le mystère Henri Pick... mais aussi ses films réalisés avec son frère, comme Les souvenirs.

J'apprécie son style, l’originalité de ses histoires,
leurs points de vue, leurs déroulés et le sens de la formule pour décrire les situations ou les sentiments, parmi lesquelles dans Numéro deux "La vie n'a pas de marche arrière", "La vie est trop courte pour être irréprochable", "Il arrive donc que l’on agisse mal par délicatesse".

Le livre est composé de quatre parties qui coïncident avec l'avancée en âge de Martin.


Des interludes mettent en exergue d'autres "numéro 2"
qui ont joué de malchance au travers d'éléments biographiques véridiques, par exemple Pete Best qui a failli être un Beatles.

J'ai eu l'occasion de rencontrer
David Foenkinos lors d'une séance de dédicaces. Il semble être très humain, d'une grande douceur, ravi de rencontrer ses lecteurs et d’échanger avec eux sur leurs goûts et leurs habitudes durant quelques minutes.
 
Il a fait parvenir le livre à
J.K. Rowling, il n'a pas encore eu de retour de sa part.

J'ai beaucoup aimé la lecture de ce roman, qui part d'un sujet original et réussit à surprendre et émouvoir au fil des pages.
 

18 janvier 2022

West Side Story

West Side Story est un film de Steven Spielberg, basé sur la comédie musicale aux 10 Oscars créée à Broadway, avec Rachel Zegler & Ansel Elgort dans les rôles-titres.

A New York, en 1957, deux clans s'affrontent au sein d'un même quartier : les Jets et les Sharks. Tony, qui fait partie des Jets, rencontre un soir Maria, la sœur de Bernardo, l'un des leaders des Sharks. Leur amour parviendra-t-il à dépasser les rivalités entre leurs groupes ennemis ?

Les décors sont magnifiques, les reconstitutions très réalistes, et notamment :
- le gymnase dans lequel les Jets et les Sharks dansent côte à côte (chanson The dance at the gym)
- l’affrontement entre Tony et Riff des Jets sur les quais (chanson Cool)
- le hangar de sel qui accueille les deux clans rivaux lors d'une rixe mortelle (chanson The rumble).

Les chorégraphies sont millimétrées, comme dans la scène inaugurale qui est grandiose et plante le décor, ou quand les Jets se jouent des policiers dans le commissariat.

Contrairement au film de 1961 de Robert Wise et Jerome Robbins, les acteurs interprètent leurs chansons et ne sont pas doublés.
Toute la musique de Leonard Bernstein est iconique et inoubliable. Il est impossible de ne pas la fredonner sous le masque dans la salle de cinéma !

Rachel Zegler incarne Maria. C'est son premier rôle au cinéma et c'est une réussite totale. Quel talent brut, quelle grâce et quelle belle découverte dans ce rôle si convoité. I feel pretty lui sied à merveille ! Elle a été sacrée meilleure actrice aux Golden Globes à 20 ans seulement. Elle sera bientôt dans le remake du dessin animé Blanche-Neige.
 
Ansel Elgort (Nos étoiles contraires, Baby driver, Le chardonneret) m'a convaincu dans ce rôle : il incarne un personnage mature, qui a pris du recul après avoir séjourné en prison. Il sent que quelque chose de bon va lui arriver (chanson Something's coming) le jour de sa rencontre avec Maria, mais le destin et la fatalité vont le rattraper. 

Une réelle alchimie se dégage entre ces deux acteurs. Par la mise en scène, Steven Spielberg accentue leur écart de taille, comme lors de la scène dont la musique s’intitule Balcony scene qui se conclut par la chanson Tonight. Cela renforce le côté protecteur de Tony vis-à-vis de Maria, jusqu'à ce que leurs rôles s'inversent à la fin du film.

Tout le casting est formidable : il est composé d'acteurs / chanteurs / danseurs talentueux, parmi lesquels David Alvarez dans le rôle de Bernardo, Ariana DeBose dans celui d'Anita et Mike Fest dans celui de Riff.

J'ai eu un énorme coup de cœur pour cette fresque de 2h30, rythmée, flamboyante et émouvante, dans la veine de Roméo et Juliette. Le casting et la mise en scène contribuent à faire de ce film un futur classique, tout comme l'était le précédent.

18 novembre 2021

Aline

Après Palais Royal ! et Marie-Francine, Valérie Lemercier réalise Aline, une fiction librement inspirée de la vie de Céline Dion. Elle a collaboré avec Brigitte Buc, sa complice depuis 15 ans, pour les dialogues et le scénario.

Valérie Lemercier incarne Aline Dieu, une québécoise à la voix d'or, depuis sa petite enfance jusqu'à son succès à l’international. Ses relations avec
sa famille nombreuse et son manager Guy-Claude sont au cœur de l'intrigue.

Grâce au recours à des effets spéciaux, elle peut incarner Aline petite fille. Elle aime jouer des rôles d'enfant, comme dans le sketch hilarant L'école du fan avec Les Nuls dans le rôle d'Odeline !

L'attitude sur scène, les tenues pendant les concerts ou les différentes coupes de cheveux sont parfaitement reproduites.

Les chansons sont interprétées par sa
doublure vocale Victoria Sio.

Le film est une grande déclaration d'amour de Valérie Lemercier à Céline Dion qui ne l'a pas encore vu.
 
C'est un film très original et réussi grâce au grain de folie de Valérie Lemercier. C'est un biopic inclassable à l'image de sa créatrice.

15 septembre 2021

Boîte noire

Boîte noire est un thriller de Yann Gozlan avec Pierre Niney, que j'ai eu la chance de voir en leur présence lors d'une séance en avant première.

Mathieu Vasseur (Pierre Niney) est technicien analyste spécialisé en acoustique au BEA (Bureau d'Enquêtes et d'Analyses pour la sécurité de l’aviation civile). Le dirigeant du BEA (André Dussollier) lui confie l'enquête relative au crash d'un avion qui a fait 300 victimes dans les Alpes. A quelques semaines du Salon du Bourget (salon international de l'aéronautique et de l'espace), son rapport d'analyse est crucial, il est attendu avec une vive impatience, les enjeux commerciaux et  politiques étant considérables pour le secteur. Mais, son analyse de la boîte noire va révéler de nombreuses incohérences. Il va alors mener sa contre-enquête pour faire toute la lumière sur ce crash...

Yann Gozlan est le réalisateur et le scénariste du film.  Il a écrit Boîte noire en pensant à lui. Il a déjà collaboré avec Pierre Niney pour Un homme idéalavec Ana Girardot, sorti en 2015, dans lequel il incarnait un auteur qui aspirait au succès. Son personnage s'appelait... Mathieu Vasseur !

Ses références cinématographiques sont Plein Soleil de René Clément et son remake Le talentueux M. Ripley d'Anthony Minghella, The social network de David Fincher ou encore Conversation secrète de Francis Ford Coppola. 

Boîte noire a reçu deux prix du public : l'un au Festival du film francophone d'Angoulême, l'autre au Festival du film policier 2021. Il a nécessité seulement 50 jours de tournage 

Pierre Niney a commencé sa carrière en jouant des rôles dramatiques : Yves Saint-Laurent (qui lui valut le César du meilleur acteur en 2015), Frantz de François Ozon, Comme des frères d'Hugo Gélin... Il a également tourné dans des comédies, parmi lesquelles Five avec François Civil et 20 ans d'écart avec Virginie Efira. Récemment, dans la série La Flamme, co-écrite par Jonathan Cohen, il incarne le docteur Juiphe et fait preuve de beaucoup d'autodérision, tout comme dans OSS 117 Alerte rouge en Afrique noire de Nicolas Bedos. 

Pour Boîte noire, il a rencontré des membres du BEA en amont du tournage pour préparer son rôle. Il a aussi effectué un travail corporel : il a retranscrit physiquement le caractère introverti de son personnage et son malaise en société en se tenant voûté et en perdant du poids.

Son personnage en perdition s'isole au fur et à mesure de l'avancée de sa contre-enquête, alors que le doute commence à s'installer. Le personnage est obsessionnel, passionné par son travail. Il ne peut pas lâcher l'affaire et poursuit coûté que coûte sa quête de vérité destructrice.

Il a éprouvé un grand plaisir à jouer avec André Dussollier.

Lou de Laâge joue sa femme. Diplômée de la même école d'ingénieurs en aéronautique que son mari, son personnage est ambitieux et carriériste. Elle livre une partition convaincante, son personnage prend de l'épaisseur au fil de l'intrigue. Elle a notamment joué dans Les innocentes d'Anne Fontaine et Respire de Mélanie Laurent. 

A leurs côtés, Olivier Rabourdin, Aurélien Recoing, Sébastien Pouderoux et Guillaume Marquet complètent ce casting très réussi. 

Filmé dans les locaux du BEA, le film dévoile les coulisses du monde aéronautique de façon très réaliste et documentée. Les flashback successifs sont très réussis et immersifs. Les séquences d'écoute de la boîte noire sont passionnantes malgré leurs répétitions.  

La mise en scène est maîtrisée, avecune attention particulière portée sur l'ouïe. Le film multiplie les fausses pistes, mais tout se tient. La tension va crescendo et le suspense est présent jusqu'à la dernière seconde du film.

La musique électronique et le montage sonore de Philippe Rombi souligne et accentue la tension qui va crescendo. 

Boîte noire est un thriller français implacable, sans aucune scène ni personnage secondaire superflus. Pierre Niney porte le film de bout en bout avec conviction. Ce thriller est une vraie réussite. C'est d'autant plus remarquable que c'est un genre peu traité par le cinéma français.

Pierre Niney

Lou de Laâge
Pierre Niney & André Dussollier

13 juillet 2021

Signac au musée Jacquemart-André

Le musée Jacquemart-André consacre une exposition à Paul Signac (1863-1935), un peintre impressionniste méconnu du grand public. Elle est intitulée Les harmonies colorées.

Il était ami de Georges Seurat et admirateur du travail de Paul Monet.

Il se rend pour la première fois en Bretagne à l'été 1885. Il y réalise une série de marines :

Saint-Briac. Le Béchet

En 1893, il entreprend une composition ambitieuse pour célébrer la vie qu'il mène sur le rivage méditerranéen. Son style s’épanouit, sa technique évolue pour donner toujours plus d’impact à la couleur :

Étude pour Au Temps d'Harmonie (Le joueur de boules penché)

Après avoir largement exploré le littoral breton et les bords de Seine, il découvre le port de Saint-Tropez. Au cours des 5 années qui suivent, il consacre exclusivement son travail à cette ville.

Il réalise des aquarelles et mines de plomb sur papier de plusieurs villes côtières du sud de la France, comme celle-ci à Menton, et également au mont Saint-Michel :

Menton

Certaines de ses œuvres sont originales par leurs formes :

Venise, San Giorgio (éventail)

Palette. Aux tuileries

Dans le cadre de ce musée à taille humaine, des tableaux d'autres peintres contemporains de Signac sont présentés : Maximilien Luce, Achille Laugé, Henri-Edmond Cross...

Cette exposition agréable à visiter, mais assez réduite, vient d'être prolongée jusqu'au lundi 26 juillet.

25 juin 2021

Promising young woman


Pour le retour en salle, j'ai choisi d'aller voir le film Promising young woman d'Emerald Fennell avec Carey Mulligan. 
 
Dès le pré-générique, on découvre l'occupation de Cassie (Carey Mulligan) la nuit : elle se rend en boîte, prétend être ivre, et quand un homme essaye ensuite d'abuser d'elle à son domicile, elle lui fait comprendre que son comportement est inapproprié. C'est révélateur d'un désir de vengeance enfoui en elle depuis longtemps, qui va se réveiller à l'occasion du retour d'une connaissance dans sa vie... 

Cassie travaille
dans un café, après avoir arrêté brusquement ses études de médecine. A 30 ans, elle et vit toujours chez ses parents, qui sont désabusés face à son attitude. 

Carey
Mulligan a tourné dans de nombreux films, parmi lesquels Une éducation, Shame, Inside Llewyn Davis et Gatsby le magnifique. Pour ce rôle, elle est métamorphosée : bronzée, avec des cheveux longs blonds clairs. Pour moi, l'actrice a toujours eu une image lisse, ce rôle subversif est à contre-emploi. Le personnage de Cassie revêt un maquillage chargé et des tenues sexy quand elle sort le soir, contrairement aux tenues sages, presque enfantines, qu'elle porte le jour. 

Promising young woman est le premier long-métrage d'Emerald Fennell. Elle est
également actrice, a produit et écrit plusieurs épisodes de la saison 2 de la série Killing Eve, qui comporte des scènes de violence intenses soudaines comme dans ce film. Celles-ci m'ont fait penser à Drive de Nicolas Winding Refn dans lequel Carey Mulligan incarnait la voisine de Ryan Gosling. 
Il y a également une référence au Joker quand elle étire son rouge à lèvres vers l’extérieur du coin de sa bouche.

Le film est co-produit par Margot Robbie
qui continue à soutenir des films avec des rôles féminins forts (Moi, Tonya, Terminal, Birds of prey, etc.). 
 
La bande originale contient des morceaux pop souvent revisités, comme Toxic de Britney Spears, ou encore le tube de Paris Hilton (!) Stars are blind dans une scène très drôle avec Bo Burnham.

Viennent compléter le casting Laverne Cox, Alison Brie, Connie Britton, Adam Brody et Jennifer Coolidge qui joue la mère de Cassie.

Structuré en chapitres, le film est
surprenant, même si j'ai deviné certains développements de l'histoire dont le final. Il a reçu de nombreuses récompenses, dont l'Oscar du meilleur scénario original, ainsi que les Independant Spirit Award du meilleur scénario et la meilleure actrice.

C'est un film original, avec un personnage
principal qu'on n'a pas l'habitude de voir sur grand écran. On assiste à une vraie performance de Carey Mulligan.