28 octobre 2015

L'homme irrationnel


Je me réjouis à chaque automne de découvrir le dernier opus de Woody Allen.

Dans L'homme irrationnel, Joaquin Phoenix, présent pour la première fois dans l'univers du réalisateur, campe Abe Lucas, un professeur de philosophie n'ayant plus le goût de vivre. Il rejoint l'université de Braylin, une petite ville provinciale, pour y enseigner. Désespéré, il en arrive même à jouer à la russian roulette devant un groupe d'étudiants lors d'une soirée.
L'étudiante Jill Pollard, incarnée par Emma Stone, est fascinée par ce professeur. Malgré sa relation avec son petit ami, elle est troublée d'abord par ses thèses puis par l'homme et son charisme.
Parker Posey incarne un professeur de chimie, collègue de Abe, et également sous son charme.
Ce film est l’occasion de retrouver Jamie Blackley, vu dans le mélo If I Stay, dans un rôle un peu lisse : Il joue Roy, le petit ami de Jill.

On passe dans ce film de la comédie (romantique) au drame, avec la recherche du crime parfait. C'est un thème cher au réalisateur puisqu'il est traité également notamment dans Scoop, avec sa précédente muse Scarlett Johansson face alors à Hugh Jackman. Ce dernier film a beaucoup de similitudes avec Scoop, quand on y pense, la présence de Woody Allen en tant qu'acteur en moins dans celui-ci.

Emma Stone, déjà présente dans le précédent opus du réalisateur, Magic in the Moonlight, joue une amoureuse pleine de charme et une enquêtrice hors pair.

C'est un film agréable et bien interprété, mais peu surprenant malgré le changement de ton. Le dénouement est dans la veine d'autres films de Woody Allen, rempli de sérendipité.

20 octobre 2015

Warhol Unlimited


L'exposition Warhol Unlimited au Musée d'Art Moderne présente plus de 200 œuvres.

L'exposition débute par 32 peintures représentant les fameuses conserves de Campbell's Soup réalisées en 1962 et des autoportraits de l’artiste.

A la Factory, atelier de Warhol, il réalise des screen tests de Nikki de Saint Phalle, Edie Sedgwick, Denis Hopper... Tout le monde est sur un pied d'égalité dans ces essais filmés en noir et blanc, désacralisé.

Un portfolio de 10 sérigraphies Electric chairs est affiché sur un papier peint de fond jaune fluo avec des têtes de vaches rose fluo, papier peint Cow qui annonce déjà la couleur sur la façade du musée.

Studies of Jacky, en 1964, nous montrent la première dame, Jacky Kennedy, à la manière d'un roman photo, une image vidée de son sens, comme un produit de consommation.

La série Flowers est reproduite en petit et grand formats. On est saturé du même motif psychédélique.

La salle Mao montre des peintures lisses, comme des affiches publicitaires, avec un visage peint comme un masque.

On peut ensuite découvrir des extraits de concerts du Velvet Inderground. En 1967, Warhol produit et conçoit la pochette de leur premier album et devient l’impresario du groupe mené par Lou Reed.

Après les Silver clouds en mouvement, Empire est un film sur l'Empire State Building, composé d'un plan fixe sur ce monument.

La salle Shadows apporte une conclusion impressionnante à l'exposition ! En 1978, Warhol a répondu à une commande et réalisé 108 peintures avec le même motif. Les tableaux sont accrochés bord à bord. L'impression visuelle est énorme : on est saturé par cette perspective dans une pièce qui s'étire en longueur.
 
Une animation autour du "quart d'heure de célébrité", permet aux visiteurs de repartir avec leur portrait en mode pop art, comme sur l'affiche de l'exposition.

L’exposition est présentée jusqu'au 7 février 2016. 

14 octobre 2015

Où on va, papa ?


Une fois n'est pas coutume, j'ai décidé d'écrire un article au sujet d'un livre. Où on va, papa ?, de Jean-Louis Fournier, a reçu le Prix Fémina en 2008. C'est le seul livre que j'ai lu de cet auteur très prolixe, puisqu'il a écrit plus de 10 ouvrages.

C'est un récit autobiographique qui raconte la vie de l'auteur avec ses deux fils handicapés, Mathieu et Thomas, depuis la découverte de leur handicap et la vie avec, ou plutôt sans : sans école, sans métier, sans croissance, sans avenir...

Le titre fait référence à l'une des phrases que Thomas répète sans cesse, quand il est dans la Camaro de son père. C'est un gimmick qui réussit à faire rire l'auteur par sa fréquence. Jean-Louis Fournier parvient à retirer de la poésie de ces situations et à en rire, seul ou avec sa femme.

Le livre est fait de micro-chapitres de 1 à 2 pages, des réflexions sur des situations du quotidien. L'auteur fait preuve d'humour, parfois noir. Les pensées sont très bien formulées, avec le mot juste, souvent à double sens. Par exemple, il répond négativement à une association qui quête dans la rue en pensant "les enfants handicapés, j'ai déjà donné".

C'est un petit livre en terme de nombre de pages, mais c'est surtout extrêmement touchant. C'est une immense déclaration d'Amour d'un père à ses fils, quelle que soit leur conditions physique et mentale.

11 octobre 2015

Marc Chagall : Le Triomphe de la musique


J'ai eu la chance d'être invitée au vernissage de l'exposition Chagall : Le Triomphe de la musique à la Philarmonie de Paris. L'exposition regroupe environ 300 œuvres très variées : peintures, dessins, costumes, sculptures et céramiques, qui sont les commandes décoratives et architecturales liées à la musique qu'a honorées Marc Chagall. 

On commence la visite par la découverte du plafond de l'Opéra Garnier, peint en 1964, qui avait fait couler beaucoup d'encre au moment de sa création, il y a 50 ans déjà. Cette première salle magistrale est accompagnée de musique classique.
On remonte le temps en continuant l’exposition et en découvrant la deuxième salle autour de La flûte enchantée qui présente des costumes et décors.
Puis, de nombreuses sculptures sont présentées, de l'époque de Saint Paul de Vence, réalisées dans les années 60.
On peut également admirer des costumes et décors pour le ballet Aleko en 1942 à Mexico ou encore ceux de L'Oiseau de feu.
Les années 20 correspondent à la recherche de rythme et de mouvement. Une gigantesque fresque pour le Théâtre d'art juif en témoigne.
On retrouve des tableaux magistraux et connus comme La Danse, mais on découvre aussi des petites merveilles comme un dessin de Charlie Chaplin tout en délicatesse ou des esquisses mêlant peintures aux couleurs vives et aplats d'or. 

La Petite Boîte à Chagall se tient dans la bâtiment originel de la Cité de la Musique. Cette seconde partie de l'exposition propose, pour les enfants accompagnés de leurs parents (ou les grands enfants !), des jeux autours de son univers. C'est très ludique et réussi.

L'exposition se tiendra du 13 octobre 2015 au 31 janvier 2016. 
 

7 octobre 2015

Sicario



Sicario signifie tueur à gage en espagnol. Le sous-titre du film sur son affiche : la loi n'est plus la règle.

Je suis allée voir Sicario en premier lieu parce que c'est un film de Denis Villeneuve, réalisateur canadien, qui m'a profondément troublé et marqué avec le précédent Incendies et avait également réalisé le thriller réussi Prisoners. C'est la première fois que je vois l'un de ses films en salle.
Il a été présenté en compétition officielle au dernier Festival de Cannes.

Emily Blunt incarne Kate Macer, une employée du FBI depuis quelques années, qui est catapultée au Mexique pour une mission de lutte contre les cartels, avec des équipiers loin des méthodes traditionnelles.
Elle se demande particulièrement quelle est la fonction et à qui est rattaché Alejandro (Benicio del Toro) : est-il du département de la Défense ou de la CIA ? Mystère, elle se heurte à des interrogations qui trouvent pas de réponse auprès de Matt Graver (Josh Brolin)...

Le film est tourné en langues américaine et espagnole.

Emily Blunt est quasiment le seul personnage féminin de tout le film, féminin si l'on peut dire car elle revêt tous les codes vestimentaires d'un personnage masculin avec ses habits informes, de couleur neutre, sans maquillage et ne prêtant aucun soin pour son apparence.

Ce film pose des questions sur la situation actuelle des cartels au Mexique : comment faire pour les démanteler ? Est-ce que les méthodes traditionnelles arrivent à leurs fins ou est-ce que des méthodes qui contournent la loi mais arrivent à leurs objectifs sont plus efficaces ?

En sortant du cinéma, on est encore sous tension, le ventre noué. La scène en vision nocturne est particulièrement réaliste. Ce film est très dur et violent, percutant. La musique est angoissante jusqu'au générique final inclus.
C'est un thriller suffoquant et réaliste, porté par la très convaincante Emily Blunt et Benicio del Toro en agent trouble.