20 mars 2016

Room


Room a permis à Brie Larson de décrocher l'Oscar de la meilleure actrice à 26 ans seulement. Elle y incarne Joy, une femme captive avec son fils, séquestrée dans une pièce unique, par un homme qui la tient prisonnière depuis 6 années. Puis, leur reconstruction à l'extérieur.

Room tient son originalité par sa construction en  2 temps : durant les 40 premières minutes, les 2 protagonistes principaux - Joy, 23 ans, et son fils Jack, 5 ans - sont enfermés ; ensuite, ils sont libres, mais leur vie n'est pas beaucoup plus simple à l'extérieur : Jack n'a jamais connu le monde extérieur, ni ses grands-parents.

J'ai été touchée par Brie Larson et son rôle de mère perturbée dont la reconstruction n'est pas simple. J'ai été émue par les valeurs et l'imaginaire qu'elle tente d'inculquer à son fils durant leur captivité et comment elle a su saisir les rares opportunités d'évasion. Ensuite à l'extérieur, certaines scènes sont très dures, comme la scène de l'interview télé qui s'avère être sans concession et qui aura des conséquences.
Depuis le film States of Grace, je suis la carrière de Brie Larson. J'étais un peu étonnée, depuis le succès de ce film indépendant, de la voir dans des films sans grand intérêt, des rôles pas à sa mesure, surtout que cette comédienne a la réputation d'être aussi sympa, sur les plateaux et en dehors, que Jennifer Lawrence.
Elle a gagné toutes les récompenses possibles pour ce rôle ces derniers mois : Bafta, Golden Globes, Independent Spirit Awards et Screen Actors Guild Awards. Cela va lui ouvrir d'autres portes, dont prochainement le prequel de King Kong, Skull Island.

Mais aussi et surtout, j'ai été émue par le jeune Jacob Tremblay, acteur canadien âgé de 9 ans, que j'ai trouvé émouvant à un point très rare. Au début du film, sa ressemblance avec une jeune fille à cause de ses cheveux longs, nous fait s'interroger sur son sexe durant les premières scènes. Après m'avoir noué le ventre au moment de son évasion (scène très réaliste qui prend aux tripes comme rarement, toute la salle de cinéma vibrait au rythme de Jack et partageait son angoisse), il m'a fait pleurer à plusieurs reprises. Ses réflexions, celles d'un enfant qui découvre le monde, sont émouvantes par leur naturel et les vérités qu’elles contiennent. 
Ce jeune acteur était présent aux Oscars. Il a séduit le parterre d’invités car, trop petit pour voir la scène, il s'est levé pour voir les robots de Star Wars. On n'est jamais trop jeune pour être fan de cette saga culte !

13 mars 2016

The Revenant


Dans The Revenant, Leonardo DiCaprio incarne Hugh Glass, un trappeur qui va être abandonné, à demi-mort, par ses co-équipiers. Seul, affamé, dans le froid et avec des indiens à ses trousses, son instinct de survie lui sera salutaire.

Certaines scènes sont difficilement visibles sur grand écran car ultra-réalistes, ce qui est accentué par le très gros plan. D'autres sont spectaculaires, par exemple quand Hugh Glass cherche à fuir les indiens sur sa piste et se jette à cheval dans un précipice. Il faut avoir le cœur bien accroché ! Même si on sait 1 heure après le début du film que Hugh Glass va se venger et qu'il reste 1h30, j'ai trouvé le film sous tension de bout en bout, jusqu'au dernier plan face caméra.

La nature est magnifiée sous l’œil d'Emmanuel Lubezki qui a reçu l'Oscar de la meilleure photographie. Il est déjà multi récompensé pour Birdman, Gravity, The tree of life, ... L'image est sublime sur grand écran, on profite de cette expérience et d'une lumière incroyable mettant en valeur ces paysages glacés.
 
La caméra virevolte, le tournage était très chorégraphié, comme à l'habitude chez Iñarritu, et notamment les scènes de bataille du début du film, avec beaucoup de personnages en mouvement sur l'écran. C'est un film remarquable pour le réalisateur Alejandro G. Iñarritu qui réalise le doublé en tant que Meilleur réalisateur, deux années consécutives, après Birdman en 2015. Seuls John Ford (en 1941 et 1942) et Joseph L. Mankiewicz (en 1950 et 1951) l'ont réussi. Il n'a cependant pas gagné le prix du Meilleur film qui est revenu à Spotlight, enquête bien menée, plus consensuelle, mais sans grande originalité hormis le sujet.

Au-delà de DiCaprio qui crève l'écran, j'ai apprécié le rôle et le jeu de Tom Hardy, star de Mad Max Fury Road, qui confirme son statut d'étoile montante à Hollywood, mais aussi le capitaine incarné par Domhnall Gleeson et le personnage intègre de Will Poulter. 

The Revenant a enfin permis à Leonardo DiCaprio d'obtenir l'Oscar du Meilleur acteur ! Cela n'a échappé à personne, sa cinquième nomination fut la bonne, il est bon de rappeler l'historique suivant :
- en  1994 (à 19 ans seulement), il fut nommé pour le meilleur second rôle dans Gilbert Grape avec Johnny Depp. Tommy Lee Jones dans le Fugitif fut le lauréat
- en 2005, pour le rôle d'Howard Hugues dans Aviator de Martin Scorsese, face à Jimmy Fox pour le biopic Ray,
- en 2007, pour le rôle du mercenaire et trafiquant de diamants dans Blood Diamond, face à Forest Withaker en dictateur dans le Dernier Roi d'Ecosse,
- en 2014, pour le rôle de Jordan Belfort dans le Loup de Wall Street, toujours de Scorsese, face à Matthew McConaughey dans Dallas Buyers Club du québécois Jean-Marc Vallée.

Le prix de Leonardo a également fait beaucoup parler pour son mémorable discours sur le changement climatique, lui qui est engagé pour la sauvegarde de la planète depuis de nombreuses années. "Don't take our planet for granted. I don't take tonight for granted", signifiant littéralement "Ne prenons pas cette planète pour acquise. Je ne prends pas ce soir pour acquis". Il est l'auteur du discours ayant le plus de sens lors de cette cérémonie au Dolby Theatre de Los Angeles.

6 mars 2016

Scorsese l'exposition


La Cinémathèque de Paris a organisé une grande exposition autour de la filmographie de Martin Scorsese.

Elle insiste sur les racines italo-américain du réalisateur, le quartier de Little Italy à New York dans lequel il a passé son enfance et ses fameux "fire escapes", ses parents Charles et Catherine qu'il a mis en scène dans ses films.

Scorsese a souvent mis en avant les fratries et les acteurs masculins (Robert De Niro, Joe Pesci, Harvey Keitel, Willem Dafoe, Leonardo DiCaprio, ...) mais a aussi présenté de beaux portraits de femmes (Sharon Stone dans Casino, Michelle Pfeiffer dans le Temps de l'Innocence, Cybill Sheperd & Jodie Foster dans Taxi Driver, ...).

Ce qui est précieux dans cette riche exposition, c'est la variété des objets présentés, notamment :
-  les scénarios annotés, 
- des storyboards crayonnés, 
- des costumes originaux (la fameuse robe de Cate Blanchett dans Aviator ou encore une des tenues de Leonardo DiCaprio dans Gangs of New York), 
- des polaroïds pour éviter des faux raccord sur les tournages,
- des affiches originales, 
- la Palme d'Or de Taxi Driver obtenue en 1976 à Cannes,
- des correspondances avec Alain Resnais, Jean-Luc Godard, Steven Spielberg, Sidney Lumet, ...

C'est un vrai cinéphile et on ressent cette passion pour le septième art. Il œuvre à la conservation du patrimoine en investissant pour une meilleure qualité de pellicule. Il a réalisé un court-métrage à partir d'un scénario inédit et incomplet d'Alfred Hitchcock : The key to reserva avec Simon Baker (The Mentalist) en héros hitchcokien, ce qui lui sied à merveille. On y découvre également son premier court-métrage, The Big Shave, sanglant et dérangeant, hommage à Hitchcock, qui l'a fait remarquer. 

Son amour pour la musique est également mis en avant, à travers l'excellent film Shine a light, captation d'un concert des Rolling Stones au Beacon Theatre de New York, sorti en 2008, mais aussi via la nouvelle série Vinyl qu'il produit et dont il a réalisé le pilote. Il est bon de rappeler qu'il a réalisé le mythique clip Bad de Mickael Jackson et un documentaire sur Bob Dylan. 

Il est fidèle à ses acteurs mais aussi à son équipe technique : il travaille avec la même monteuse depuis 1980 et Raging Bull, dont le montage du match de boxe final est inspiré de la scène de douche de Psychose. 6 semaines de tournage ont d'ailleurs été nécessaires pour toutes les scènes de boxe du film. 

J'avais envie de voir cette exposition, même si je me disais que Scorsese ne faisait pas partie de mes réalisateurs préférés, ceux que je cite spontanément. En fait, en redécouvrant tous ses films, j'ai réalisé à quel point il comptait pour moi et que j'avais vu quasiment tous ses films. Cela me donne envie de les revoir avec un œil nouveau.