15 septembre 2019

Deux moi


Deux moi, le dernier film de Cédric Klapisch, suit Mélanie (Ana Girardot) et Rémi (François Civil), deux parisiens trentenaires voisins, qui ne se connaissent pas et n'appartiennent pas à la même classe sociale : Mélanie est chercheuse dans un institut scientifique, Rémi cariste dans un entrepôt. Vont-ils finir par se rencontrer ? C'est l'objet de ce film. 
 
Deux moi a été écrit pour ces deux acteurs, après l'expérience réussie de la précédente collaboration sur Ce qui nous lie, film dans le milieu vinicole sorti en 2017, qui les réunissait à l'écran en tant que fratrie. Durant l'avant-première à laquelle j'ai assistée, Cédric Klapisch a formulé de jolis vœux pour ses deux acteurs en déclarant  : "Ils n'ont pas encore tourné leurs plus beaux rôles, ils n'en sont qu'au début de leur carrière". C'est attendrissant d'être témoin d'une telle relation de confiance et d'admiration réciproque entre réalisateur et acteurs.
Ana Girardot est solaire, elle illumine l'écran, malgré ses problèmes de cœur et familiaux. C'est une femme actuelle, avec ses contradictions personnelles, qui s'interroge sur ce qu'est une vraie rencontre, après l'échec de sa relation précédente.
La
façon naïve qu'a François Civil de réagir en écarquillant les yeux m'a séduite. C'est le 4e film dans lequel il est à l'affiche en 2019, après Le chant du loup, Celle que vous croyez et Mon inconnue. A chaque fois, il me convainc dans des styles différents.
Au fur et à mesure du film, Mélanie et Rémi
se frôlent, sans se voir. J'ai savouré cette pré-histoire, leurs points communs qui se dessinent à l'aube de leur rencontre inévitable et du début de leur relation.


Les deux psychothérapeutes qui suivent Mélanie et Rémi sont incarnés par Camille Cottin et François Berléand. Elle exerce en libéral, lui en hôpital public, traduisant encore une fois l’existence de deux mondes qui pourraient malgré tout se réunir. Ils prodiguent les mêmes conseils à leurs patients : ne pas envisager le pire et faire confiance à la vie. Les maximes de Camille Cottin sont souvent formulées de manière très drôle, tout en ayant du sens, par exemple "Pour que deux moi forment un nous, il faut que ces deux moi soient soit". 
L'épicier joué par Simon Abkarian crée du lien social dans le quartier et redonne le sourire aux citadins.
Eye Haïdara (découverte dans Le sens de la fête d'Eric Toledano et Olivier Nakache), collègue de Rémi au sein de l'open space déshumanisé, lui permet de renouer avec les relations sociales.
Je me suis délectée du caméo dont est coutumier le réalisateur et de la présence de Zinedine Soualem.

C'est tourné à Paris, la ville fétiche de Cédric Klapisch dans laquelle il vit. C'est un film actuel, qui explore la solitude dans les grandes villes et le paradoxe de l'isolation via les réseaux sociaux. A noter un joli clin d'oeil à Chacun cherche son chat.

La bande-originale, réalisée par les même collaborateurs de Klapisch depuis 20 ans, est très aboutie ; Histoire d'un amour de Dalida en fait partie.

Il y a souvent dans les films de Cédric Klapisch des moments oniriques, drôles et décalés. Dans ce film, il y en a deux : un cauchemar de Rémi dans l'entreprise robotisée à l'extrême et les dérives des applications de rencontres pour Mélanie... Jubilatoires, tout comme la scène avec Pierre Niney !
 
Chacun des films de Cédric Klapisch me réjouit, depuis Un air de famille en 1996 à la trilogie cosmopolite (L'auberge espagnole, Les poupées russes, Casse-tête chinois). Ça part et ça parle du réel. Il arrive à capter l'essence de la jeunesse urbaine. J'aime son ton particulier qui alterne entre vrais moments de comédie et comédie dramatique. Gros coup de cœur de cette rentrée ! 
 

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