29 septembre 2019

Back side/Dos à la mode

Le musée Bourdelle accueille l'exposition temporaire Back side, fashion from behind, présentée par le Palais Galliera.
Tout d'abord, je tiens à souligner le cadre exceptionnel de ce musée que j'ai découvert à cette occasion. Situé en plein Paris
au cœur du 15e arrondissement, il existe depuis 1992. C'est un véritable havre de paix doté d'un jardin reposant et ressourçant.
 
Ensuite, l'exposition mode traite de façon audacieuse d'un sujet original. C'est une photographie de Jean-Loup Sieff qui a donné naissance à l'affiche de l’exposition. Ce qui est en jeu c'est la perception du dos, zone du corps que nous ne pouvons pas voir ou difficilement avec un jeu de miroirs, au travers de silhouettes avec des décolletés et des fermetures travaillées : des dos-nus, des robes de cocktail, des sacs à dos, des tee-shirts à message dans le dos, des tatouages imposants recouvrant le dos... Il se dégage de ces créations vestimentaires une grande sensualité, de la séduction, le sillage et le mystère d'une femme. Voici 4 des modèles exposés :
Robe du soir courte, Yves Saint-Laurent, 1970-1971
 
 Robe du soir, Alaïa, 1983
 Robe trench-coat, jupe et ceinture, Jean-Paul Gaultier, 2011-2012
 
Robe du soir, Guy Laroche, 1972, qui fut portée par Mireille Darc dans Le grand blond avec une chaussure noire. La réaction stupéfaite de Pierre Richard s'explique par le fait qu'il a découvert le dos de cette robe très échancré au moment du tournage !
 

Visitez également la collection permanente présentée dans les anciens ateliers de la collection Bourdelle. Antoine Bourdelle (1861-1929) était un sculpteur et peintre, influencé à ses débuts par Auguste Rodin. Le musée Bourdelle se définit comme un atelier musée. Cette collection fait le lien avec l’exposition temporaire avec l'agencement de quelques pièces qui font écho avec les statues.

Robe, Martine Sitbon, 1997-1998

J'ai été charmée par ce musée et par cette exposition très stylée, à admirer jusqu’au 17 novembre. 

15 septembre 2019

Deux moi


Deux moi, le dernier film de Cédric Klapisch, suit Mélanie (Ana Girardot) et Rémi (François Civil), deux parisiens trentenaires voisins, qui ne se connaissent pas et n'appartiennent pas à la même classe sociale : Mélanie est chercheuse dans un institut scientifique, Rémi cariste dans un entrepôt. Vont-ils finir par se rencontrer ? C'est l'objet de ce film. 
 
Deux moi a été écrit pour ces deux acteurs, après l'expérience réussie de la précédente collaboration sur Ce qui nous lie, film dans le milieu vinicole sorti en 2017, qui les réunissait à l'écran en tant que fratrie. Durant l'avant-première à laquelle j'ai assistée, Cédric Klapisch a formulé de jolis vœux pour ses deux acteurs en déclarant  : "Ils n'ont pas encore tourné leurs plus beaux rôles, ils n'en sont qu'au début de leur carrière". C'est attendrissant d'être témoin d'une telle relation de confiance et d'admiration réciproque entre réalisateur et acteurs.
Ana Girardot est solaire, elle illumine l'écran, malgré ses problèmes de cœur et familiaux. C'est une femme actuelle, avec ses contradictions personnelles, qui s'interroge sur ce qu'est une vraie rencontre, après l'échec de sa relation précédente.
La
façon naïve qu'a François Civil de réagir en écarquillant les yeux m'a séduite. C'est le 4e film dans lequel il est à l'affiche en 2019, après Le chant du loup, Celle que vous croyez et Mon inconnue. A chaque fois, il me convainc dans des styles différents.
Au fur et à mesure du film, Mélanie et Rémi
se frôlent, sans se voir. J'ai savouré cette pré-histoire, leurs points communs qui se dessinent à l'aube de leur rencontre inévitable et du début de leur relation.


Les deux psychothérapeutes qui suivent Mélanie et Rémi sont incarnés par Camille Cottin et François Berléand. Elle exerce en libéral, lui en hôpital public, traduisant encore une fois l’existence de deux mondes qui pourraient malgré tout se réunir. Ils prodiguent les mêmes conseils à leurs patients : ne pas envisager le pire et faire confiance à la vie. Les maximes de Camille Cottin sont souvent formulées de manière très drôle, tout en ayant du sens, par exemple "Pour que deux moi forment un nous, il faut que ces deux moi soient soit". 
L'épicier joué par Simon Abkarian crée du lien social dans le quartier et redonne le sourire aux citadins.
Eye Haïdara (découverte dans Le sens de la fête d'Eric Toledano et Olivier Nakache), collègue de Rémi au sein de l'open space déshumanisé, lui permet de renouer avec les relations sociales.
Je me suis délectée du caméo dont est coutumier le réalisateur et de la présence de Zinedine Soualem.

C'est tourné à Paris, la ville fétiche de Cédric Klapisch dans laquelle il vit. C'est un film actuel, qui explore la solitude dans les grandes villes et le paradoxe de l'isolation via les réseaux sociaux. A noter un joli clin d'oeil à Chacun cherche son chat.

La bande-originale, réalisée par les même collaborateurs de Klapisch depuis 20 ans, est très aboutie ; Histoire d'un amour de Dalida en fait partie.

Il y a souvent dans les films de Cédric Klapisch des moments oniriques, drôles et décalés. Dans ce film, il y en a deux : un cauchemar de Rémi dans l'entreprise robotisée à l'extrême et les dérives des applications de rencontres pour Mélanie... Jubilatoires, tout comme la scène avec Pierre Niney !
 
Chacun des films de Cédric Klapisch me réjouit, depuis Un air de famille en 1996 à la trilogie cosmopolite (L'auberge espagnole, Les poupées russes, Casse-tête chinois). Ça part et ça parle du réel. Il arrive à capter l'essence de la jeunesse urbaine. J'aime son ton particulier qui alterne entre vrais moments de comédie et comédie dramatique. Gros coup de cœur de cette rentrée ! 
 

1 septembre 2019

Once upon a time in Hollywood


Once upon a time in Hollywood de Quentin Tarantino a été présenté au festival de Cannes 2019 en compétition officielle, sans y décrocher de prix.

En 1969, à Los Angeles
, Rick Dalton (Leonardo DiCaprio), acteur sur le déclin de la série télé western Bounty law, fait équipe avec Cliff Booth (Brad Pitt), sa doublure cascade et assistant personnel. Rick habite sur les hauteurs d'Hollywood, à proximité de la demeure du couple formé par Sharon Tate (Margot Robbie) & Roman Polanski. Leurs destins finiront par se croiser...

Le duo Leonardo DiCaprio / Brad Pitt, réunis
pour la première fois à l'écran dans un long métrage, fonctionne très bien, notamment grâce à l'humour omniprésent. Par exemple, c'est jubilatoire quand le personnage de Leonardo DiCaprio rejoue une scène du film La grande évasion, dans le rôle emblématique de Steve McQueen. L'amour de Quentin Tarantino pour le 7e art transparait tout au long du film avec de nombreuses références cinématographiques. Quant à Brad Pitt, il n'a rien perdu de son sex-appeal, notamment dans la scène sur le toit où il répare l'antenne télé de Rick, presque 30 ans après son apparition dans Thelma et Louise.
 
Je n'ai pas trouvé le rôle de Margot Robbie très intéressant, voire transparent - seul son look m'a captivée - alors que c'est une actrice que j'ai beaucoup apprécié dans Moi, Tonya ou encore dans Le loup de Wall Street
qui l'a révélée, déjà avec Leonardo DiCaprio. Le personnage féminin qui se détache fortement pour moi est celui de Cat, incarné par Margaret Qualley. La fille d'Andie McDowell joue une hippie membre de la secte de Charles Manson. Sa manière de s'exprimer et de se mouvoir - en lien avec son passé de danseuse - est magnétique, originale et expressive. 

Ce réalisateur est fétichiste des pieds et cela se voit à l'image ! De nombreuses scènes ont un cadrage très bas pour les mettre en valeur, les pieds nus de Margot Robbie sont dévoilés lors d'une séance de cinéma et ceux de Margaret Qualley dans la voiture de Cliff.

Ce n'est pas le plus sanglant des films de Tarantino mais, bien entendu, il réserve quand même une scène dans laquelle l'hémoglobine coule à souhait ! La bande originale, encore une fois réussie, rythme l'action.

En 1969, Quentin Tarantino avait 6 ans. Les souvenirs de cette période qu'il affectionne particulièrement ont permis d'alimenter les costumes et les décors, comme les enseignes de cinéma et les affiches d'époque reproduites.

Tarantino a demandé au public du festival de Cannes de ne pas révéler la fin du film. Tout en respectant son vœu, je peux dire qu'il propose un dénouement alternatif à la réalité, annoncé dès le titre du film qui renvoie à l'univers du conte. Je m'attendais à autre chose, à une conclusion encore plus folle et déjantée de sa part.

Cela faisait longtemps que je n'avais pas apprécié
autant l'un de ses films. Mon dernier coup de cœur remonte déjà à Kill Bill volumes 1 et 2 sortis en 2003 en 2004. Once upon a time in Hollywood dure plus de 2h30 et malgré tout je ne me suis jamais ennuyée. J'ai été happée par l'ambiance, les personnages et le scénario. Tarantino avait déclaré il y a quelques années qu'il ne réaliserait que 10 films dans sa carrière. Celui-ci étant déjà son 9e, il ne reste plus qu'à espérer qu'il reviendra sur cette annonce pour le plus grand plaisir des cinéphiles.