26 mars 2019

La collection Courtauld


La fondation Louis Vuitton continue de rendre hommage à de grands mécènes ou collectionneurs. Après la collection Chtchoukine en 2017, La collection Courtauld, le parti de l'impressionnisme est exposée, profitant des rénovations de l'Institut et de la Galerie Courtauld à Londres.
 
Samuel Courtauld a fait fortune dans le tissu (le viscose). C'est un anglais émigré depuis l’île d'Oléron. Sa femme Elizabeth, une amoureuse de l'art, était très impliquée dans le mécénat musical. Leur cercle social comptait notamment le critique Roger Fry et l'écrivain Virginia Woolf. 
Leurs collections privée et publique qui ont fusionné ont été constituées en seulement 3 ans. L'objectif initial était d'acquérir de l'art moderne français pour les musées anglais, mais aussi de réunir des œuvres étrangères pour le fond public anglais. A la mort de sa femme, il va arrêter sa collection. 
Les tableaux de la dernière salle, consacrés à l'ensemble de la carrière de Turner, ont été achetés par Stephen, le frère de Samuel.  

Cézanne est le peintre le plus représenté dans la collection Courtauld avec 21 peintures. C'est également l'artiste pour lequel Courtauld a dépensé le plus d'argent. Il a acquis des toiles, des œuvres sur papier et une partie de sa correspondance.  

Mon tableau préféré de l'exposition est présent dans la première salle. C'est celui de l'affiche ci-dessus (en version tronquée) : Un bar aux Folies-bergère d'Édouard Manet. Manet, père de l'impressionnisme, dont la carrière fut jalonnée de scandales, a peint ce tableau en grand format dans son atelier à Paris, car il était diminué à la fin de sa vie. Le personnage principal est Suzon, une verseuse, c'est-à-dire une femme qui servait de l'alcool et prodiguait de l'amour. Les jeux de perspectives sont intéressants, il y a des incohérences dans les reflets du miroir. Les différents types d'alcools (bouteilles de vin, bière, champagne, absinthes) représentent toutes les classes sociales présentes dans le bar.

L’exposition, présentée jusqu'au 17 juin, compte 8 salles et met en valeur 110 œuvres. L'application mobile gratuite explique une ou plusieurs œuvres par salle. Faites également appel aux médiateurs du musée qui donnent des éléments biographiques sur la famille Courtauld et commentent un tableau en particulier. Et profitez de l'architecture du musée tel un vaisseau moderne, des terrasses et du panorama incroyable sur le jardin d'acclimatation, Paris et ses alentours.
 

17 mars 2019

Celle que vous croyez


Celle que vous croyez est un film de Safy Nebbou, d'après un livre de Camille Laurens.

Divorcée, la cinquantaine et mère de deux garçons, Claire (Juliette Binoche) est quittée par Ludo (Guillaume Gouix), son jeune amant. Afin d'avoir de ses nouvelles, elle se crée un faux profil sur Facebook. Elle choisit comme pseudo Clara : Clara a la voix, les goûts et l’humour de Claire, mais elle a 24 ans, un autre physique (Clara est blonde tandis que Claire est brune) et un autre métier. Elle va alors rentrer en contact sur les réseaux sociaux avec Alex (François Civil), l'un des amis de Ludo. Ils vont rapidement vivre une relation amoureuse à distance. Mais il désire la rencontrer au plus vite...

Claire va consulter une psychothérapeute - incarnée par Nicole Garcia - et lui raconter leur histoire en détail. Elle lui confie que cette situation est à la fois un naufrage et un  radeau, à savoir qu'il n'y a pas pire rivale qu'une personne qui n'existe pas et, en même temps, que cette relation la fait se sentir de nouveau vivante. Elle s'est engagée dans une spirale infernale.

Ce film a été tourné à Paris. La ville est exploitée comme un décor à part entière, notamment lors de la scène au centre Pompidou, ou quand elle se balade avec son ex mari (Charles Berling) sur les quais de Seine.

A noter une note d'humour dans le scénario : professeur de littérature à l'université, Claire dispense à ses étudiants une analyse du roman Les liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, alors même qu'elle reçoit des textos d'Alex !

J'ai aimé me faire surprendre par les rebondissements successifs de l'intrigue.
François Civil, vu dans Five et Ce qui nous lie, est le jeune comédien français qui explose cette année, avec quatre films à l'affiche en 2019. Dans toute la première partie du film, on ne le voit pas : on entend seulement sa voix. C'est une performance d'acteur remarquable d'incarner son personnage avec seulement l'un des cinq sens.
Ce film ne m'aurait pas autant plu sans l’interprétation de Juliette Binoche. Quand elle est Clara, elle paraît véritablement plus jeune, plus lumineuse. C'est une actrice que je trouve toujours juste et qui se donne complètement dans ses rôles. Elle apporte énormément au film en incarnant et en faisant vivre ses deux versions d'elle-même, ces deux femmes, Claire et Clara.