30 décembre 2014

La famille Bélier



La famille Bélier est une comédie d'Eric Lartigau, réalisateur connu notamment pour le film Prête-moi ta main avec Alain Chabat & Charlotte Gainsbourg.

Le film raconte le parcours de Paula (Louane Emera) qui est lycéenne et se découvre une jolie voix lors de la chorale de l'école. Elle est la seule non sourde au sein de sa famille : ses parents sont joués par François Damiens et Karine Viard (qui ont appris la langue des signes pour ces rôles, tout comme Louane) ainsi que son petit frère (jeune acteur qui est réellement sourd). 

Eric Elmosnino incarne le professeur de musique. Son personnage tout en nonchalance est vraiment drôle et surprenant par ses répliques très directes et son choix exclusif de chansons en provenance du répertoire de Michel Sardou.

Louane, révélée dans l'émission musicale The Voice, joue à merveille l’adolescente qui évolue et grandit au travers de son expérience, notamment musicale. La dernière scène est vraiment très émouvante grâce à l'intensité de sa voix et l'émotion qu'elle parvient à transmettre. Elle a d'ailleurs été prénommée aux prochains César.

Une des affiches du film parle d' "un film à la Billly Elliot". J'aime beaucoup cette comédie anglaise de Stephen Daldry avec Jamie Bell. Je dirai que la comparaison n'est pas galvaudée, même si Billy Elliot est quasiment uniquement centré autour du personnage principal, alors que dans la Famille Bélier, la famille de Paula est très présente et cela contribue d'ailleurs au fait que le film soit réussi. On suit avec plaisir les parents et le frère tout au long du film, en parallèle de l'évolution de Paula. Beaucoup de scènes très drôles proviennent des parents et du fils, tandis que le personnage de Paula joue plus sur la corde sensible du spectateur.

21 décembre 2014

Men, Women & Children


Men, Women and Children est le dernier film de Jason Reitman, le réalisateur notamment de Juno et de In the Air.
L'accroche du film est "Vous connaissez si peu ceux que vous croyez connaître".

Cette comédie dramatique met en scène des adolescents, des parents, des adultes, de la même ville des États-Unis connectés par leur smartphone aux réseaux sociaux, aux sites de rencontre sur Internet, aux jeux vidéos en ligne, etc.

Ainsi, la jeune Brandy (Kaitlyn Dever, vue dans States of Grace plus tôt cette année) est traquée par sa mère (Jennifer Garner, déjà présente dans Juno) qui installe des mouchards dans le portable et sur l'ordinateur de sa fille pour surveiller son activité en ligne. 
Le couple formé par Don & Helen (Adam Sandler & Rosemarie de Witt) s'est éloigné après plusieurs années de mariage : comment rallumer la flamme et le désir physique entre eux ?
Hannah, cheerleader en vue au lycée a des aspirations de gloire : elle rêve de cinéma et d'Hollywood, soutenue par sa mère Donna (Judy Greer) qui ne cesse de la photographier pour son site Internet ...
Ces destins et d'autres connexes vont se croiser autour des problématiques de l’amour qui s'érode, des rencontres, de l'adolescence et son mal-être et surtout du sexe.

Le résultat est plutôt agréable, on ne s'ennuie pas pendant 2 heures, c'est bien rythmé, mais c'est assez prévisible. Au final, ce film chorale m'a un peu déçue.
Les personnages sont plus ou moins construits. Par exemple, le cas de l'adolescente qui était en surpoids et souffre désormais d'anorexie n'est pas très bien traité à mon avis.   
A l'inverse, j'ai particulièrement bien aimé Tim (le craquant Ansel Elgort vu dans Nos étoiles contraires) qui joue le quaterback du lycée en pleine remise en question.
Un autre détail m'a gênée : j'ai vu le film en VO mais tous les textos et messages instantanés qui s'affichent à l'écran (c'est d'ailleurs assez sympa comme idée d'interactions avec le spectateur) sont traduits en VF. C'est dommage de ne pas les voir en VO. Ce choix a certainement été fait à cause du rythme rapide des échanges, mais je le regrette.

14 décembre 2014

Marcel Duchamp au Centre Pompidou


Le Centre Pompidou propose jusqu’au 5 janvier 2015 une exposition autour de Marcel Duchamp intitulée "La peinture, même".

Dans les premières salles de l'exposition, on découvre beaucoup de tableaux de Manet, Matisse, Derain ou encore Cézanne confrontés à ceux de Marcel Duchamp. C'est assez surprenant quand on ne connaît pas toute l’œuvre de Duchamp de voir qu'il a débuté en peignant des tableaux dans le style du fauvisme, de l’impressionnisme, etc. Je connaissais par exemple son détournement de la Joconde présentée sur l'affiche mais je ne savais pas l'importance de la peinture fauviste et impressionniste dans son œuvre. Je m'attendais à voir exposé plus d’œuvres détournées.

Fin 1911, il a rejoint le groupe des cubistes dont il va ensuite dépasser l'esthétique par des toiles qui annoncent une série d’œuvres optiques et cinématographiques des années 1920 dans la veine du futurisme.

Fin 1912, il visite avec Fernand Léger et Constantin Brancusi le salon de l'aéronautique où il va s'extasier sur la perfection formelle d'une hélice d'avion. Il va ensuite dans son Portrait de joueurs d'échec traduire cette mécanique.

Enfin, il élabore des peintures plus abouties comme La Mariée et commence à travailler sur la transparence, ce qui annonce le Grand Verre qui est présenté dans la dernière salle : c'est une installation spectaculaire composée de deux panneaux verticaux dont il existe plusieurs exemplaires dans le monde. Celui-ci a été réalisé à New York entre 1915 et 1923.

Les commentaires de l'exposition visibles dans chacune des salles sont assez obscurs, ils sont certainement dédiés aux initiés de par l'utilisation d'un vocabulaire très spécifique et des phrases très complexes. Cela peut dérouter le visiteur lambda dont je fais partie ! Et ce n'est pas la coutume avec les expos présentées par le Centre Pompidou.

7 décembre 2014

Night Call


Night Call - en VO Nightcrawler - est la première réalisation de Dan Gilroy qui en est aussi le scénariste. Les producteurs de Drive sont à l'origine du film : on y retrouve des courses poursuites et cascades mais en plus rythmé.

On découvre Jake Gyllenhaal au visage émacié dans les rues de Los Angeles. Il incarne Lou Bloom, un jeune sans activité et aux dents longues qui, un soir en rentrant chez lui, tombe sur l'autoroute sur une équipe qui filme une conductrice en train d'être désincarcérée de son véhicule en flammes par des pompiers. Ils vendront cette vidéo à des chaînes d'informations locales, souvent au plus offrant.
Intrigué et séduit par cette opportunité professionnelle, Lou décide de se mettre à son compte en faisant l'acquisition d'une caméra basique pour commencer - à noter la façon particulière dont il obtient les fonds, ce qui en dit long sur la moralité du personnage. Il va rapidement recruter un stagiaire pour faire équipe et l'aider à se repérer dans les rues de LA. Son ambition va rapidement le faire connaître dans ce milieu et le distinguer de ses concurrents directs ...

Jake Gyllenhaal, avec son sourire carnassier, est saisissant. Il apprend vite : par exemple, il demande à être désigné sous le nom Video Production News pour paraître plus professionnel, alors que son effectif se limite à lui et son stagiaire ! Il a un plan de carrière grâce à son expérience de vie et ses connaissances acquises en tant qu'autodidacte.
Il est prêt à tout pour décrocher et filmer un scoop, même de flirter avec la légalité. Il n'a pas de limite, comme le montrera la fin du film.  

Jake Gyllenhaal fait des choix audacieux depuis quelques années, comme dans Prisoners ou Jarhead. Il travaille avec des réalisateurs canadiens, européens et plus uniquement américains. J'attends impatiemment qu'il collabore avec un metteur en scène français, ce qu'il aimerait faire s'il maîtrisait mieux notre langue.

Ce film est l'occasion de retrouver l’actrice Rene Russo, accessoirement épouse du réalisateur, en tant que directrice de l'information d'une chaîne locale qui va collaborer avec Lou. Son personnage est intéressant et montre les attentes du milieu audiovisuel et sa perversité.

C'est un film dense, intense, extrême avec un personnage principal qui est excessif et atteint par la folie par moment. Il est prenant de bout en bout grâce à la performance hallucinante et extrême de Jake Gyllenhaal.

28 novembre 2014

Un dîner d'adieu



La pièce Un dîner d'adieu se joue au théâtre Édouard VII depuis la rentrée. Elle a été écrite par Alexandre de la Patelière et Mathieu Delaporte, les auteurs de la pièce Le Prénom, que j’avais eu la chance de voir dans ce même théâtre il y a quelques années.

Le point de départ de cette pièce : Clotilde et Pierre (Audrey Fleurot et Eric Elmosnino) forment un couple d'urbains qui sont débordés par leurs activités diverses. Ils trouvent que parfois ils se rendent à des dîners chez des amis alors qu'ils n'ont pas vraiment envie d'y aller. S'ils ne s'y rendaient pas, cela leur permettrait d'avoir plus de temps pour eux et faire des activités dont ils ont vraiment envie.
Ils décident donc d’organiser des dîners d'adieux avec certains de leurs amis dont ils pourraient se passer : ils les recevront une dernière fois en leur accordant des petites attentions (leur plat préféré, leur musique favorite, etc.). Ils décident, après une légère hésitation, de recevoir en premier Antoine (Guillaume de Tonquédec), l'ami d'enfance de Pierre, et son épouse à l'un de ces fameux dîners ...

Le sujet de la pièce est intéressant et original, il est bien traité, malgré quelques longueurs.
Les trois acteurs jouent leur partition, le rôle d'Audrey Fleurot étant un peu en retrait par rapport aux deux rôles masculins. J'ai bien aimé la présence sur scène d'Eric Elmosnino et son phrasé.
La pièce est drôle, notamment la scène de "mise à nu" des hommes que je vous laisse découvrir en live ...
Le résultat est agréable, mais moins réussi que leur précédente pièce Le Prénom que j'avais adoré pour sa subtilité et la qualité des dialogues.

16 novembre 2014

Mommy


Mommy est le sixième film de Xavier Dolan qui a remporté le Prix du Jury au dernier festival de Cannes.

Au début du film, Diane va chercher dans un centre de rétention fermé son fils Steve, adolescent avec un trouble de déficit de l'attention. Ils vont vivre ensemble de nouveau tous les deux, le père de Steve étant décédé depuis 3 ans. Ils vont également se rapprocher de leur voisine Kyla, une institutrice en congé sabbatique.

Le film est canadien. Il faut s'habituer à l'accent des acteurs et se familiariser avec les expressions typiques grâce au sous-titrage.

L'image est carrée la plupart du temps : elle est étriquée et traduit l'enfermement de Steve et le mal-être des personnages principaux.
Quand l'image devient rectangulaire pour la première fois, la scène est très belle : Steve saisit lui-même les bordures verticales de l'image et les repousse comme un changement de perspective qu'il introduit dans leurs vies. C'est signe d'espoir, d'ouverture aux autres, à la lumière, de positivisme ... Malheureusement, cela ne va pas durer.

Le film est dense, fort, poignant, violent, dérangeant parfois. 
Le jeune acteur Antoine-Olivier Pilon qui incarne Steve est très expressif. Il alterne les moments de calme et de furie. Il avait déjà travaillé avec Xavier Dolan pour le clip choc du groupe Indochine College Boy tourné en 2013, également tourné en format d'image carrée.
Les deux autres actrices québécoises Anne Dorval (Diane) et Suzanne Clément (Kyla) sont très justes.

La musique joue un rôle important dans le film. Elle est choisie avec beaucoup de soin. Elle comporte des morceaux anglo-saxons, comme Wonderwall d'Oasis lors d'une très belle scène, ou encore des chansons plus locales avec Céline Dion.

Xavier Dolan a une façon de filmer très spécifique. Il fait des choix de positionnement de caméras, d'utilisation des ralentis, de gros plans sur les acteurs. Il utilise parfois des angles originaux et cela fait sa singularité et sa force. 
Il arrive également à faire surgir de la poésie dans des scènes très simples, minimalistes, comme quand Steve "danse" avec un caddie sur un parking.
Son style est affirmé : malgré son jeune âge, il a déjà beaucoup d'expérience.
J'avais déjà succombé au charme de son film les Amours Imaginaires en 2010, où les ralentis trouvaient également leur place et dans lequel il jouait en plus de réaliser.

La fin est ouverte et permet au spectateur d'imaginer leur propre destin aux personnages.

Mommy est le plus grand succès de Xavier Dolan en France . Il a déjà deux autres films en préparation.

2 novembre 2014

Magic in the Moonlight


Je vais voir tous les films de Woody Allen au cinéma depuis des années, c'est un rituel immuable à chaque sortie à l'automne. C'est un plaisir qui commence dès le générique et sa typographie si spécifique.
Les derniers opus qui m'ont vraiment plus sont Match Point et Blue Jasmine l'an dernier. Mais même un mauvais cru de Woody Allen est toujours agréable à mes yeux !

Le film commence en 1928 à Berlin lors d'un spectacle du magicien chinois Wei Ling Soo incarné par Colin Firth - alias Stanley Crawford - grimé en asiatique. Il ravit ses spectateurs par des tours de prestidigitation spectaculaires, comme la disparition sur scène d'un éléphant.
C'est alors qu'une de ses connaissances vient le voir en loge après la représentation pour le féliciter. Il lui propose de venir dans le sud de la France, sur la riviera, afin de démasquer une jeune medium Sophie Baker (Emma Stone). Celui-ci la soupçonne d'être un imposteur et de vouloir profiter des richesses de la famille qui l'accueille et à qui elle prédit l'avenir et prétend discuter avec le défunt mari.
Stanley accepte, il a l'habitude de débusquer les faux extralucides grâce à ses connaissances en magies et tours d’illusionnistes.
Mais, il va être rapidement désarçonné par la charmante Sophie et ses révélations si personnelles et tellement justes sur son passé, sa famille, etc.
Dès lors, va-t-il la démasquer ou lui reconnaître un véritable talent inné ? 

Le rythme du film est assez lent, mais sied bien au propos.
Les costumes d'époque sont absolument ravissants et la musique très jazz complète agréablement les scènes.
La relation qui se noue entre les personnages incarnés par Colin Firth & Emma Stone est très plaisante à suivre. On prend plaisir à suivre son évolution qui rappelle un peu les comédies américaines de Lubitsch, par exemple The Shop around the corner sorti en 1940 où les personnages principaux commencent par se détester avant de se rapprocher.

23 octobre 2014

Samba


Après l'incroyable succès d'Intouchables, Eric Toledano et Olivier Nakache reviennent sur grand écran avec Samba.

Samba (Omar Sy) vit et travaille en France depuis 10 ans, c'est un immigré en provenance du Sénégal. Il se retrouve dans un centre de rétention qui va juger de sa situation irrégulière sur le territoire français, sachant qu'il a pour sa seule famille en France un oncle avec qui il vit. Il va alors faire la connaissance de Manu et Alice (respectivement Izïa Higelin et Charlotte Gainsbourg) qui travaillent dans une association qui aide les personnes dans la même situation que Samba. En fait, Alice est une cadre qui a fait un burn out professionnel et se reconstruit en donnant de son temps à cette association. Elle est bénévole et débutante, épaulée par Manu qui est plus expérimentée. Samba va être aidé par ces jeunes femmes et se rapprocher d'Alice. Il va également rencontrer Wilson (Tahar Rahim), un brésilien avec qui il va travailler lors de différentes missions d'intérim.

Malgré le sujet dramatique, les réalisateurs parviennent à apporter au film une certaine légèreté et une drôlerie, comme "le striptease Coca Cola" qu'improvise Wilson en tant que laveur de vitres sur une tour de la Défense ou quand une personne aidée par l'association explique qu'elle est venue des Canaries en bus alors que des océans le séparent de la France ; les scènes de traduction et de barrière des langues qui ne facilitent pas le travail de l'association font également sourire.

Omar est convaincant dans le rôle de Samba, il est omniprésent dans le film. On va suivre son parcours, ses galères, ses combines et son rapprochement avec le personnage d'Alice. Charlotte Gainsbourg joue à merveille la cadre blessée, fragile et stressée qui tente de se reconstruire après un pétage de plomb professionnel.
Izïa Higelin apporte tout son dynamisme et sa verve à son personnage impliquée dans le social, tandis que Tahar Rahim trouve une fois n'est pas coutume un rôle solaire et souriant.
A noter que les deux réalisateurs font un caméo dans le film.

J'ai trouvé ce film plutôt réussi, mais je n'y ai pas trouvé la même étincelle que dans Intouchables qui m'avait réellement conquise par l'originalité de son histoire et les émotions véhiculées par la rencontre et les échanges des deux personnages principaux.
J'ai parfois regretté certaines répétitions, même si cela permet d’insister sur les nombreuses galères des personnes en situation irrégulière.

16 octobre 2014

Gone Girl

Je suis fan du travail de David Fincher qui m'a fascinée avec ses films précédents : the Social Network, Fight Club, Seven, Zodiac, ... J'avais fondé beaucoup d'espoir depuis quelques mois dans son dernier opus Gone Girl. Il est adapté du best seller Les apparences de Gillian Flynn qui a également signé le scénario du film, ce qui est généralement un gage de qualité.

Amy Dunne (Rosamund Pike) disparaît le jour de son cinquième anniversaire de mariage avec Nick (Ben Affleck). Très vite, les soupçons de l'enquêtrice de la police vont s'orienter vers ce mari. Il va se rapprocher de sa sœur jumelle Margo pendant cette période difficile pour faire face aux salves de la police, les apparences étant contre lui dans les jours suivant sa disparition ...

Rosamund Pike, actrice britannique, trouve enfin un rôle à la mesure de son talent. Je l'avais repérée dans le film Jack Reacher avec Tom Cruise sorti en 2012. Elle est le personnage principal même si c'est elle qui disparaît. Sa voix est vraiment fascinante, très posée et maîtrisée.

Je ne suis pas une grande fan en général de Ben Affleck en tant qu'acteur, je préfère son travail en tant que réalisateur ou scénariste avec Matt Damon. Il est à sa place dans le film, alternant le rôle du mari modèle et celui que l'on soupçonne.

Neil Patrick Harris, sorti de How I Met Your Mother, joue un des ex de Amy. On prend plaisir à la retrouver sur grand écran.

Les autres rôles sont crédibles, à l'instar de Tyler Perry, qui incarne l'avocat de Nick.

C'est un thriller déroutant qui alterne les flashbacks et les changements de points de vue de manière très astucieuse. Les 2h30 tiennent le spectateur en haleine : on ne les voit pas passer, pris par le récit à deux voix, même si la toute fin peut laisser un goût d'inachevé. David Fincher a réussi à maintenir le suspense, grâce à des acteurs très convaincants et une mise en scène habile. Je conseille vivement ce thriller qui multiplie les faux-semblants.

2 octobre 2014

Saint Laurent


C'est maintenant au tour de Bertrand Bonello (qui avait précédemment réalisé l'Apollonide - souvenirs de la maison close) de nous livrer sa version et vision de Saint Laurent, après le film de Jalil Lespert sorti en début d’année 2014.

C'est Gaspard Ulliel qui incarne cette fois le créateur. Il est impressionnant de ressemblance avec Yves Saint Laurent. Il avait déjà failli l'incarner dans un film de Gus Van Sant mais le projet n'avait pas vu le jour. Gaspard Ulliel a mis du temps à trouver sa voix : il l'a maîtrisée au premier jour de tournage. Les coiffures, la silhouette, les mimiques sont plus vraies que nature, encore plus qu'avec Pierre Niney.
Le film est centré sur la période de 1967 à 1976. Helmut Berger l'incarne à l'écran pour les dernières années de sa vie, il est décédé en 2008.

Ses muses, Betty Catroux et Loulou de la Falaise, sont respectivement incarnées par le mannequin Aymeline Valade et Léa Seydoux.

C'est Jérémie Renier qui incarne Pierre Bergé, le compagnon et financier de l'entreprise, qui gérait leur collection d’œuvres d'art, tandis que Louis Garrel est avec délectation Jacques de Bascher, l'amant d'Yves, qui était avec Karl Lagerfeld.

La musique joue une grande place dans le film, notamment lors de scènes de nuit dans les clubs branchés de l'époque.

On voit la création de collection, malgré les addictions au tabac, à l'alcool, aux drogues.
On se rend compte également de sa dureté : quand une couturière de l'atelier lui annonce qu'elle est enceinte et doit avorter, il lui donne de l'argent, mais il demande ensuite au chef de l'atelier de la licencier.
C'était un génie de la mode, qui avait un sens du style unique. Il a par exemple créé le tailleur pantalon pour femme, c'est un grand couturier qui a laissé un héritage à son art.

Le film dure 2h30 mais on ne les voit pas passer, porté par la narration chronologique. Il  a été choisi pour représenter la France aux prochains oscars.

20 septembre 2014

Gemma Bovery


Anne Fontaine nous plonge au cœur de la campagne normande avec Gemma Bovery.

Martin Joubert (Fabrice Luchini), le boulanger du village, voit arriver Gemma Bovery (Gemma Arterton) et son mari Charles comme nouveaux voisins.
Elle va immédiatement le fasciner : il va être intrigué par la ressemblance de son nom avec celui d'Emma Bovary, l'héroïne de Flaubert qu'il a souvent lu. Pour lui, c'est la fin de la tranquillité. Il va aller jusqu’à s'immiscer dans sa vie pour essayer de déjouer son destin supposé tragique.

Gemma Arterton est sensuelle et troublante dans ce rôle de séductrice et d'héroïne littéraire.
C'est toujours plaisant de retrouver Fabrice Luchini au cinéma.  Il est à son avantage dans ce rôle où il peut exprimer sa verve.
Les seconds rôles sont formidables, notamment Elsa Zylberstein qui joue une ex citadine très snob.

C'est un agréable moment. J'ai cependant moins aimé le dénouement du film, qui m'a un peu déçue.

14 septembre 2014

Tatoueurs tatoués


Le musée du quai Branly propose pour encore un mois l'exposition Tatoueurs Tatoués qui retrace l'origine des tatouages dans le monde, par zone géographique : Amériques, Japon et Asie, Europe et Océanie.
On peut y voir des vidéos, photos, reproduction de tatouages sur des peaux en silicones, morceaux de peaux humaines tatoués, outils servant à tatoueur, etc.

Le terme "tattoo", anglicisation du mot polynésien "tatau", a été utilisé pour la première fois en 1772 à Tahiti.
Au départ, les tatouages étaient réservés aux marginaux. Aujourd’hui, un français sur dix est tatoué.

On y apprend notamment que c'est Edison, l'inventeur du téléphone, qui a déposé le brevet du crayon électrique aux États-Unis. 

Au Japon, à partir du 17ème siècle, le tatouage est une douloureuse preuve d'amour entre les courtisanes et leurs clients.

5 septembre 2014

Hippocrate


Benjamin (Vincent Lacoste) est un interne fraichement débarqué dans le service dirigé par son père (Jacques Gamblin). Il fait équipe avec Abdel (Reda Kateb) qui est un médecin algérien ayant le statut de FFI soit Faisant Fonction d'Interne.

A travers quelques cas particuliers, on est immergé dans le quotidien de ce service et de l'hôpital dans son ensemble.
Benjamin va être confronté à des cas divers d'alcoolisme, de gestion de la fin de vie, etc. et va rapidement être dépassé par la charge de travail et le système. 

Cette comédie dramatique met en exergue :
- les conflits entre les services (en l’espèce, entre le service de l'internat et ceux de réanimation et de la direction générale),
- le manque de moyens qui peuvent avoir de lourdes conséquences,
- les réductions de personnels, 
- la gestion de l’hôpital comme une entreprise, 
- la situation des FFI qui sont moins bien bien payés que les médecins titulaires mais ont beaucoup de responsabilités,
- etc.

Malgré des incohérences finales, le film tient ses promesses. Le réalisateur Thomas Lilti est d'ailleurs médecin.
Reda Kateb crève l'écran comme souvent (dont les films Un prophète & Zero dark thirty) tandis que Vincent Lacoste apporte sa fraicheur au film.

31 août 2014

Le rôle de ma vie (Wish I was here)


Le rôle de ma vie (Wish I was here en VO) est le deuxième film de Zach Braff, 9 ans après Garden State, film que j'avais vu au cinéma mais que je n'ai pas revu depuis et qui m'avait laissé un joli souvenir avec la présence de Natalie Portman.

Sélectionné au festival de Sundance, ce film dresse le portrait d'une famille un peu bancale mais soudée. Le père, Aidan Bloom (Zach Braff) est un acteur au chômage ; la mère Sarah (Kate Hudson) supporte financièrement le foyer grâce à un boulot loin d'être passionnant ; les deux enfants, Grace & Tucker, sont scolarisés dans une école judaïque, les frais étant payés par leur grand-père Saul (Mandy Patinkin - le Saul de la série Homeland)
Leur fragile équilibre va devenir bancal quand Saul découvre qu'il a un cancer. 

Ce film ressemble à sa précédente réalisation, avec des années en plus au compteur : autant Garden State était centré autour d'un jeune adulte, Wish I was here traite du cocon familial, des relations père/fils, entre frères, avec ses enfants qui grandissent.

J'ai rarement vu Kate Hudson être aussi juste (notamment dans la scène face à Mandy Patinkin).
La fille est jouée par Joey King une enfant star des séries télé et au cinéma à la manière des sieurs Fanning. Elle est très juste.

Zach Braff a financé le film grâce à ses propres fonds et au crowdfunding ce qui lui a permis de rester maître du montage final. Il a un ton propre à lui, avec ses fantaisies (voir les scènes en super héros), un univers un peu barré et poétique. J'espère qu'on ne devra pas encore attendre une décennie pour voir son prochain film. 

21 août 2014

Maestro


Maestro est le 5ème film de Léa Fazer.

Il raconte la rencontre entre Henri (Pio Marmaï) un acteur débutant, habitué aux tournages de publicités et rêvant de films d'action avec Bruce Willis, et Eric Rovere (Michael Lonsdale) réalisateur de films d'auteur. 
Lors de ce tournage, Henri découvre un univers qu'il ne connaît pas, y trouve petit à petit sa place, sans oublier d'où il vient. Il fait également la connaissance de Gloria (Déborah François) qui est sa partenaire à l'écran et le prend dans un premier temps de haut.

Le film est inspiré de l'expérience du regretté Jocelyn Quivrin sur le tournage des Amours d'Astrée et Céladon d'Eric Rohmer. Il avait commencé à écrire le scénario qui a été poursuivi par Léa Fazer.

Le film est charmant et drôle de par le contraste entre les goûts d'Henri et les autres acteurs ainsi qu'avec le réalisateur. Les échanges entre Pio Marmaï et Michael Lonsdale sont particulièrement touchants et instructifs.
Les autres acteurs sont convaincaints : Alice Bélaïdi, Déborah François et Nicolas Bridet qui joue le meilleur pote de Francis.
Un film à voir comme une bouffée d'oxygène et un plaisir revendiqué.

13 août 2014

Great Black Music


L'exposition Great Black Music à la Cité de la Musique se termine très bientôt, le 24 août précisément. 
Ne manquez pas l'occasion de visiter cet hommage à toutes les musiques noires, de Mickael Jackson à Aretha Franklin en passant par Bob Marley et Billie Holiday.

Comme toujours dans ce lieu, la visite est interactive : grâce à un ipod, on peut ajouter certains morceaux à nos coups de cœur. On reçoit quelques heures après la visite notre playlist personnalisée par e-mail.

11 août 2014

New York Melody


New York Melody, dont le titre original est Begin Again (merci les traductions estivales !) est une comédie romantique mais surtout musicale de John Carney. 

C'est la rencontre entre Gretta (Keira Knightley), muse et parolière de Dave (Adam Levine, le chanteur de Maroon 5, plutôt convaincant pour la première fois à l'écran) une popstar au succès grandissant qui la largue à New York et Dan (Mark Ruffalo), ex directeur d'un label de musiques indépendantes qui a un penchant pour l'alcool et vit séparé de sa femme (Catherine Keener).

Dan va lui proposer d'enregistrer un album live de ses compositions au cœur de New York, dans des lieux emblématiques (à l'Empire State Building, dans Brooklyn, à Central Park, etc.  
Ils vont s'entourer d'amis musiciens, de proches - la fille de Dan est interprétée par Hailee Steinfeld - et d'un producteur (Ceelo Green) pour mener à bien ce projet.

Ce qui est agréable c'est de suivre leurs pérégrinations et enregistrements musicaux dans la grosse pomme. C'est le réalisateur lui-même qui a écrit la majorité des chansons du film.
Keira Knighley a une voix fluette mais qui se prête bien à ses balades folk. C'est initialement Scarlett Johansson qui devait jouer ce rôle.
Le casting est réussi dans ce feel-good movie.
 

18 juillet 2014

Under the skin



Under the skin est un film de Jonathan Glazer, réalisateur britannique qui avait sorti Birth en 2004 avec Nicole Kidman.

Scarlett Johansson y incarne une extraterrestre qui parcourt les routes d'Ecosse à bord de sa camionnette. Elle est à la recherche d'hommes qu'elle séduit puis fait venir dans une énigmatique maison pour les tuer d'une bien étrange façon ...

Le film est pauvre en dialogues et repose sur une musique stridente et inquiétante. Il y a des plans très esthétiques et visuellement impactants. 
Scarlett Johansson est omniprésente.

Le film laisse beaucoup de questions en suspens : pourquoi fait-elle cela ? Quel est le rôle du motard qui lui sert d'équipier ? Comment est morte celle qu'elle semble remplacer ? etc.
Une expérience étrange et déstabilisante, pas forcément convaincante.

2 juillet 2014

Palo Alto


 
Palo Alto est le premier film de Gia Coppola, inspiré du recueil de nouvelles éponyme de James Franco. A seulement 27 ans, elle a de qui tenir, étant la petite fille de Francis Ford Coppola et la nièce de Sofia Coppola.

On suit les aventures d'adolescents à Palo Alto, au sud de San Francisco. Ils sont un peu paumés, testent leurs limites et expérimentent alcools, drogues, sorties nocturnes, etc.

La discrète et solitaire April (Emma Roberts) est attirée par son coach de soccer interprété par James Franco. Elle est aussi proche de Teddy (Jack Kilmer - le fils de Val Kilmer qui est également présent dans le film) qui traîne souvent avec le déjanté Fred. Emily couche avec beaucoup d'hommes, mais elle ne semble pas heureuse ...

La bande originale qui accompagne le film de Devonté Hynes est planante. Elle est disponible ici via Spotify : http://www.allocine.fr/film/fichefilm-223474/soundtrack/

Ce film est plutôt réussi. Le duo Emma Roberts / Jack Kilmer est touchant. 
Emma Roberts s'éloigne des comédies romantiques qui l'ont fait connaître pour un rôle plus en délicatesse. Gia Coppola a d'ailleurs déclaré qu'elle aimerait tourner de nouveau avec elle.
Jack Kilmer, pour sa première apparition à l’écran, est convaincant en adolescent qui se cherche, qui commet des erreurs mais a bon fond et une grande sensibilité. 
Gia Coppola parvient à filmer les adolescents dans une veine qui n'est pas sans rappeler les films de Sofia Coppola (Virgin Suicides, The Bling Ring), les ralentis et la lumière si particulière en moins à mon avis.

23 juin 2014

Exposition Van Gogh / Artaud au Musée d'Orsay


L'exposition Van Gogh / Artaud - Le suicidé de la société est présentée au Musée d'Orsay jusqu'au 6 juillet. Elle confronte les créations de Vincent Van Gogh (1853-1890) aux textes d'Antonin Artaud (1896-1948).

La première salle nous présente des autoportraits de Vincent Van Gogh.
On y retrouve ensuite des natures mortes, des tableaux aux Tournesols, des correspondances avec son frère Théo Van Gogh.
L’œuvre "Le champ de blé aux corbeaux" est commentée par Antonin Artaud qui est fasciné par le drame qui s'en dégage et qui traduit la solitude du peintre.

Au milieu de l'exposition, on découvre les biographies des deux artistes.
En 1888, Vincent Van Gogh se coupe l'oreille devant Paul Gauguin, témoin de la scène. 

Puis, on peut voir 20 extraits de films dans lesquels Antonin Artaud apparaît en tant qu'acteur.
On découvre ensuite des esquisses dessinées par Antonin Artaud.

La fin de l'exposition est consacrée à Van Gogh.
Plusieurs tableaux sur Auvers sur Oise sont exposés, puis des tableaux panoramiques avec une lumière orageuse très particulière.
Une salle est enfin consacrée à des fusains faits par Van Gogh.
Une lettre de Vincent adressée à son frère Théo quatre jours avant son suicide est commentée par Antonin Artaud.

Le concept de l'exposition est intéressant. Mais il y a finalement peu d'interactions entre les deux artistes. Personnellement, j'ai y vu comme intérêt majeur le fait de (re)découvrir certaines œuvres de Vincent Van Gogh, comme "La nuit étoilée" peinte à Arles.

15 juin 2014

Sous les jupes des filles



Sous les jupes des filles est le premier film d'Audrey Dana, le film Des betteraves à Noël, tournée en 2011, n'ayant pas été diffusé.
Avant d'être réalisatrice, c'est une actrice que j'ai personnellement découverte dans le film Welcome de Philippe Lioret sorti en 2009, avec Vincent Lindon, où elle incarnait une femme qui aidait les réfugiés. Elle m'avait bouleversée dans ce rôle par son naturel et les émotions qu'elle dégageait et transmettait au spectateur.

Elle a réuni ici 11 femmes, toutes différentes, pour incarner les multiples facettes de la Femme dans ce film.
C'est un projet que j’avais suivi et financé sur Ulule (site de crowdfunding ou financement participatif) à l'époque où il s'appelait encore Homosapiennes.
Ainsi, Laetitia Casta est une jeune avocate prometteuse mais qui perd ses moyens au cours de rendez-vous personnels ; Isabelle Adjani, qui est très enjouée, est confrontée à la pré-ménopause et ses tourments ; Géraldine Nakache, épouse et mère de 4 enfants, débordée, craque pour la sublime Alice Taglioni ; Alice Belaïdi est l'assistante dévouée de Vanessa Paradis qui est une femme forte qui n'a pas de copines filles ...

Ce film chorale repose sur les interactions entre ces 11 femmes, à la manière d'une équipe de foot. Alex Lutz, Pascal Elbé et Marc Lavoine sont les rares hommes qui sont présents dans ce film.
Ce qui est agréable, c'est la rapidité d’enchainement des situations et le ton très ouvert.
Il y a quelques imperfections dû au challenge de réunir autant de personnages, mais on passe 2 heures bien agréables, notamment grâce à la musique d'Imany qui sied bien au film et à son ton.

7 juin 2014

Le monde nous appartient




Vu hier soir en avant-première au ciné Grand Action le film "Le monde nous appartient" du réalisateur belge Stephan Streker, référence à Scarface dans lequel Al Pacino dit "The world is yours". 
Ce drame confronte les destinées de deux jeunes : Julien un footballeur espoir qui pour l'instant passe plus de temps sur le banc que sur la pelouse, et Pouga, un petit escroc incarné par Vincent Rottiers, animal et sensible par moment. 
Les seconds rôles aussi sont remarquables : Olivier Gourmet incarne le père de Julien accro au jeu, tandis que Reda Kateb est un malfrat qui prend Pouga sous son aile. 
Un film noir, bien interprété et efficace.

5 juin 2014

States of Grace


States of Grace est un film américain indépendant qui a remporté plusieurs prix. C'est un premier film plein de grâce de Destin Cretton.

Grace est l’héroïne de ce film. Elle dirige, malgré son jeune âge, un centre d'accueil pour adolescents en difficulté. Elle y travaille avec plusieurs collègues, dont Mason qui est aussi son petit ami. Elle parvient à gérer les traumas de ses pensionnaires en maniant avec habileté la force ou la douceur selon les situations auxquelles elle est confrontée.

Jayden, une adolescente dont les parents sont divorcés, arrive au centre. Elle est très renfermée sur elle-même et se scarifie. Grace va essayer de se rapprocher d'elle, la comprendre pour qu'elle s'ouvre à elle. Elle se sent proche d'elle car elle se reconnait en elle, celle qu'elle était il y a seulement quelques années.

En parallèle, la relation entre Grace et Mason va évoluer. On va alors en apprendre plus sur le passé de Grace, son histoire familiale tourmentée qui l'a amenée à devenir assistante sociale. 

Ce film est très touchant. Il y a un vrai ton et un peu d'humour malgré le thème difficile. Par exemple, certains jeunes essayent de s'échapper régulièrement du foyer. On assiste alors à des courses poursuites entre les ados et le personnel du centre filmées au ralenti.
La révélation du film c'est Brie Larson qui incarne Grace. Elle est naturelle, forte et fragile à la fois. Elle capte la caméra avec simplicité. Elle était dans la série United States of Tara avec Toni Collette comme mère. Elle me fait penser à Jennifer Lawrence à ses débuts dans Winter's Bone pour sa façon de crever l'écran. A seulement 24 ans, elle a un bel avenir cinématographique devant elle.

25 mai 2014

Le Porteur d'Histoire


Le Porteur d'Histoire est une pièce d'Alexis Michalik.
Elle se joue en ce moment au studio des Champs-Élysées, après avoir été présentée au Théâtre 13 et durant le festival d'Avignon.

C'est une pièce qui sort de l'ordinaire dans la mesure où, comme son titre l'indique, elle transporte le spectacteur, le fait voyager au travers d'un récit, d'un feuilleton littéraire à la manière d'Alexandre Dumas.
Les 5 comédiens, avec des changements de costumes très fréquents (et très rapides !) et l'utilisation très ingénieuse d'un décor minimaliste parviennent à incarner différents personnages, certains jouent le même à différentes périodes de leur vie. 
Cela peut paraître complexe mais c'est limpide pour le spectateur qui prend du plaisir à suivre ces péripéties, à être embarqué dans ces aventures qui s'imbriquent peu à peu. C'est une pièce originale et très forte.

Alexis Michalik a créé cette année une nouvelle pièce : Le cercle des illusionnistes. J'ai désormais très envie de la voir !

27 avril 2014

Un temps de chien


La pièce Un Temps de Chien qui se joue actuellement au théâtre Montparnasse est un vrai régal.

Les actrices y sont formidables : Pascale Arbillot joue une femme assez triste et solitaire qui va se dévoiler, Mélanie Bernier incarne la jeune gérante d'une boutique de lingerie qui traine un lourd passé, et Valérie Lemercier est une épouse, mère de famille et cadre qui va gentiment péter les plombs ... et c'est réjouissant pour les spectateurs !

Je ne connaissais pas Patrick Catalifo. Il est très convaincant et touchant dans le rôle du gérant du bar dans lequel ces 3 femmes qui ne se connaissaient pas se retrouvent et vont passer un moment ensemble, au départ pour se protéger du mauvais temps à l'extérieur.

Il est rare de voir Valérie Lemercier sur scène. Elle n'avait pas joué au théâtre depuis 24 ans et la pièce de Feydaux Le Fil à la patte. Elle est drôle, déjantée et transmet son énergie sur la scène du théâtre Montparnasse.
 
La pièce est de Brigitte Buc avec qui Valérie Lemercier avait collaboré sur le film Palais Royal. On y retrouve ce ton si particulier, qui se rapproche un peu à mon avis du film Un air de famille de Cédric Klapisch avec Jean-Pierre Bacri et Agnès Jaoui. On s'avoue des horreurs mais sur le ton de la comédie. C'est touchant et drôle à la fois.

15 avril 2014

Her


L'intrigue du film se situe dans un futur proche, à Los Angeles.
Theodore Twombly (Joaquin Phoenix) est un homme sensible et solitaire qui travaille dans la société Beautiful Handwritten Letters : il rédige des lettres personnalisées pour ses fidèles clients, nourrit des relations épistolaires comme s'il s'adressait à des proches.
Il a du mal à se remettre de sa séparation avec sa femme Catherine, avec qui la procédure de divorce est en cours.
Her, raconte la relation que Theodore va nouer avec Samantha, un OS (Operating System). En effet, un jour, en passant devant un mur publicitaire digital, il va voir la promotion d'une nouvelle génération d'OS, plus sophistiqués, et capable de devenir de vrais compagnons de vie. 
C'est ainsi que la voix de Samantha (Scarlett Johannson) fait irruption dans sa vie sur des lecteurs miniaturisés à l'extrême.
Au début, elle lui permet de mettre de l'ordre dans sa vie, le fait rire, ils discutent ensemble. Il va peu à peu s'attacher à Samantha, va construire une vraie relation avec elle, de plus en plus intime et même amoureuse.

Joaquin Phoenix est touchant dans le rôle de Theodore. Sa singularité et sa sensibilité crèvent l'écran.
Scarlett Johannson aurait mérité d'être nommée dans la catégorie des meilleures actrices, tant sa voix est tour à tour enjouée, captivante, sensuelle, charmante, énigmatique, complice, ...  Elle a quand même eu un prix d'interprétation décerné à Rome. Je ne sais pas si ce film est diffusé dans certaines salles en VF mais ce serait un sacrilège de passer à côté de la voix originale de Samantha.
Tous les acteurs sont excellents, les deux principaux bien sûr, mais aussi Amy Adams qui joue une amie et voisine de Theodore, Rooney Mara qui joue son ex femme (les flashbacks de leur mariage sont très touchants) et Olivia Wilde qui joue le rôle d'un blind date.

Le film est sous-titré "Une love story de Spike Jonze". Certes, c'est une love story mais particulière. Le réalisateur nous a habitués à des films originaux, avec des tons singuliers, comme Dans la peau de John Malkovich

Le film a reçu l'Oscar du meilleur scénario qui récompense l'originalité de l'histoire ce qui est mérité. J'ai néanmoins trouvé le début de leur relation plus touchante que la deuxième partie du film.

6 avril 2014

Henri Cartier-Bresson


 
Le Centre Pompidou propose une grande rétrospective des œuvres d'Henri Cartier-Bresson, à travers plus de 500 photographies et quelques dessins, peintures et vidéos, présentés dans l’ordre chronologique.
Tout le monde connaît ce photographe qui a accompagné le siècle, dont le nom est synonyme de photographie. Né en 1908, Il nous a quittés il y a 10 ans déjà. La Fondation Henri Cartier-Bresson a été créée en 2003 à Paris.

Il peignait dès son jeune âge dans un style proche de celui de Cézanne. Il a commencé la photographie très tôt également : dans les années 20, il a photographié des vitrines.  Puis, il est parti en Côte d'Ivoire dès 1930 photographier des dockers et des enfants.


Il se rend dans des manifestations, des mouvements sociaux pour en rendre compte au travers d'instants volés. Ses photographies traduisent son engagement politique contre la pauvreté, quand il prend en photo les mendiants et sans abris.

A partir de 1934, il travaille pour le cinéma, au côté de Renoir. Il va également filmer la guerre d’Espagne.

Il fait le choix du photo-reportage en créant la coopérative Magnum Photos, avec notamment Robert Capa. Il voit la photographie comme un témoignage d'une époque.
Il a immortalisé des moments historiques : les funérailles de Gandhi en 1948, la Russie après la mort de Staline en 1954, Cuba après la crise des missiles en 1963, etc.

Sa passion pour la danse - il a épousé une danseuse javanaise - va le conduire à travailler sur l'écriture corporelle.

A partir des années 1970, il se retire de l'agence Magnum et abandonne progressivement le reportage. Sa renommée est internationale, il est une légende vivante.
Il va se rendre au Japon, photographier la contemplation et revenir au dessin.

Une exposition lui a été consacrée au Grand Palais en 1970 et une rétrospective au Musée d'art moderne de la ille de Paris en 1980.

J'ai particulièrement apprécié les nombreux portraits d'Henri Cartier-Bresson, à tous les âges, photographiés par lui-même ou d'autres photographes. J'ai trouvé ces portraits très touchants et plein d'humanité.

J'ai également beaucoup aimé une des citations du photographe :
« Photographier c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur ».
 Il aimait saisir l’instant, les heureux hasards, ce qu'il appelait la notion d’ « instant décisif ». Il fait confiance au hasard pour prendre une photographie, croit en son appareil photo, comme sur cette célèbre photo "Derrière la gare Saint-Lazare" où le reflet du passant apparaît dans la flaque car le photographe a su déclencher l'appareil au bon moment.



L'exposition est très fréquentée. Il vaut mieux de privilégier les nombreuses nocturnes pour la visite. 
Elle va ensuite être présentée à Madrid, Rome puis Mexico.