28 février 2016

Steve Jobs


L'affiche minimaliste du film - en flat design propre à la marque Apple - traduit le parti-pris original du film : 3 moments précédents les keynotes (qui sont les présentations de lancement de produits, à destination des geeks et du grand public, caractérisées par la verve de Steve Jobs et leur mise en scène marketing) sont mis en lumière en 1984, 1988 et 1998. Ce qui est intéressant c'est qu'on ne voit pas ces keynotes mythiques : on se situe juste avant leur début, lors de moments d'échanges et de retrouvailles.

Ainsi, le premier moment du film se situe en 1984, c'est le lancement du Macinstosh, après la conception des ordinateurs Lisa et Apple II. La pub TV 1984 Big Brother d'Apple a été l'événement du Superbowl quelques jours auparavant.
Elle positionne Apple comme un révolutionnaire, qui pense autrement, en mode disruptif :


Michael Fassbender ne ressemble pas physiquement à Steve Jobs, mais les attitudes sont présentes. La relation avec sa fille, qui passe d'une enfant de 5 ans en 1984 à une ado étudiante de 19 ans en 1998, tient une place importante et particulière dans la narration.
Kate Winslet, directrice marketing, qui ose lui dire certaines choses personnelles, joue le rôle de confidente et de conseillère.
Seth Rogen incarne Steve Wosniak, le complice des débuts. Les scènes du lancement d'Apple dans leur garage sont anecdotiques ici.

David Fincher était initialement pressenti sur ce projet. Avec Aaron Sorkin au scénario, cela aurait recréé le binôme gagnant de The Social Network sorti en 2010.
Danny Boyle impose une vision originale et forte, qui ringardise le film Jobs sorti en août 2013 avec Aston Kutcher dans le rôle titre, biopic classique suivant un déroulé linéaire. Je ne sais pas si tout est vrai (comme à la fin quand Steve Jobs dit à sa fille qu'il lui créera un outil pour mettre 1 000 chansons dans sa poche et remplacer son vieux Walkman, annonce de l'Ipod) mais on s'en fiche ! On est embarqué dans une vision orientée vers l'humain, vers un personnage qui n'est pas là pour se faire des amis, qui selon ses propres termes "play the orchestra" tel un chef d’orchestre à la baguette.

Kate Winslet est nommé en tant que meilleure actrice dans un second rôle aux Oscars qui ont lieu cette nuit heure française et Michael Fassbender en tant que Meilleur acteur, mais il ne devrait pas s'imposer face à Leonardo DiCaprio, donné archi favrori dans The Revenant.
 

21 février 2016

Kvetch



La pièce Kvetch jouée en ce moment au théâtre du Rond-Point est prolongée jusqu'au 28 février. Il vous reste donc une semaine pour découvrir ce texte de Steven Berkoff publié en 1986 et adapté en français par Sophie Lecarpentier.
 
L’auteur est connu pour avoir adapté et mis en scène de nombreuses pièces dont La Métamorphose et Le Procès de Kafka, mais aussi pour avoir joué dans divers films, notamment Orange Mécanique, Barry Lindon et Rambo.

Le terme "kvetch" désigne en yiddish nos pensées intimes honteuses, nos questionnements intérieurs qui nous tracassent, nos frustations et envies que l'on n'ose partager, même avec ses proches.

Ainsi, les spectateurs entendent les pensées des 4 comédiens sur scène - qui interprètent 5 rôles - dans différentes situations de la vie quotidienne : un dîner improvisé avec un collègue à la maison ou encore une scène intime entre un couple dans la chambre à coucher. N'a-t-on pas tous peur parfois de ceux que les autres (conjoint, collègue, belle-famille, etc.) vont penser de nous si on ose exprimer nos "kvetch" ?

Un violon alto accompagne la révélation de ces pensées et les rythme en musique. Ce choix de mise en scène très pertinent et à propos apporte beaucoup à la pièce. C'est très drôle et moderne, parfois cruel, mais toujours juste. A voir

2 février 2016

Spotlight


Spotlight est un film de Tom McCarthy (son cinquième film en tant que réalisateur, mais le premier que je vois) qui se distingue par un casting de rêve : Michael Keaton (de retour en grâce depuis Birdman d'Alejandro González Iñárritu, grand vainqueur des Oscars 2015), Mark Ruffalo, Rachel McAdams (vue récemment dans la saison 2 de True Detective), Liev Schreiber, John Slattery (surtout connu du grand public pour son rôle de directeur dans Mad Men), Stanley Tucci (Le diable s'habille en Prada, Hunger Games) et Billy Crudup.

Ce film est basé sur une histoire vraie. Spotlight désigne un service au sein du journal Boston Globe, spécialisé dans des enquêtes terrain de grande ampleur. Trois journalistes constituent cette équipe (dont Mark Ruffalo et Rachel McAdams), qui est dirigée par Michael Keaton. Ce service existe depuis 1970. Au début du film, en l'an 2000, un scandale est relayé par le journal : 1 prêtre de la région, puis 4, seraient impliqués dans des scandales sexuels auprès d'enfants ou adolescents. L'enquête en profondeur de l'unité Spotlight va révéler des pratiques d'une bien plus grande ampleur, avec des racines profondes au sein de l'église catholique et de multiples parties impliquées...

Au delà des rôles principaux, tous les personnages ont de la profondeur : Liev Schreiber incarne un rédacteur en chef missionné au Boston Globe, à la manière d'un auditeur interne ; Billy Crudup est impeccable Spoiler: ; Stanley Tucci en procureur Spoiler: l.

Une enquête passionnante, bien menée et rythmée, avec des flashbacks ingénieux dans le scénario, qui évolue alternativement grâce aux contributions des différents personnages de la cellule investigation qui creusent les différentes pistes, à la manière de Les hommes du président ou Zodiac - déjà avec Mark Ruffalo - les frayeurs en moins !
Ce film a décroché 4 nominations aux prochains Oscars : Meilleur réalisateur, Meilleur film Meilleur acteur et actrice dans un second rôle pour Mark Ruffalo et Rachel McAdams, nominations que je trouve parfaitement justifiées.