11 octobre 2020

Kajillionaire


Kajillionaire est une comédie dramatique de Miranda July avec Evan Rachel Wood et Gina Rodriguez. Kajillionaire est un terme d'argot construit sur la même racine que millionnaire mais avec une note ironique.

C'est le quatrième long-métrage de Miranda July en 15 ans, après Somebody, Moi, toi et tous les autres (Caméra d'or au Festival de Cannes) et Le futur

Old Dolio (Evan Rachel Wood), un prénom sans-pareil tout comme son origine, est la fille unique de Theresa et Robert (Richard Jenkins). Ensemble, ils forment un trio qui vit d'arnaques ou plutôt survivent de combines foireuses en tout genre. Mélanie (Gina Rodriguez) s'immisce dans cette famille dysfonctionnelle aux croyances et superstitions nombreuses et va bouleverser son fragile équilibre...

Evan Rachel Wood, que j'ai découverte adolescente dans la série Once & again, a précédemment été l'inoubliable Lucy dans la comédie musicale Across the universe avec Jim Sturgess, a joué dans Whatever works de Woody Allen, Les marches du pouvoir de Georges Clooney aux cotés de Ryan Gosling, la mini-série Mildred Pierce avec Kate Winslet et actuellement dans la série Westworld, C'est une actrice dont j’apprécie les choix de projets et la présence à l'écran. Elle a créé un personnage d'Old Dolio loin d'elle : elle a une voix beaucoup de grave que la sienne, arbore un look androgyne voire masculin, change peu de vêtements, a une démarche unique et fait preuve d'une grande souplesse et d'une mobilité étonnante (quand elle se camoufle ou quand elle danse). Si la prochaine cérémonie des Oscars a bien lieu cette année, je la nommerai sans aucun doute dans la catégorie meilleure actrice pour cette performance.
Je connaissais Gina Rodriguez uniquement pour son rôle titre dans la série Jane the virgin. A l’inverse, elle incarne une portoricaine qui porte des tenues sexy et s’exprime avec une voix suave. Tout les oppose donc en apparence.
Les parents incarnés par Richard Jenkins et Debra Winger sont épatants, les quatre personnages étant en vase clos.

Il y a des passages très drôles (cf. toutes les scènes d'arnaque). On bascule dans l'émotion dans la deuxième partie du film avec la survenance des sentiments : la jalousie, la peine... C'est également poétique et émouvant, par exemple quand la chanson I'm so lonely résonne ou encore lors de la scène avec le grand-père en fin de vie seul dans sa maison. Il y a également de l'ambivalence.
Ce film indépendant, dont le scénario évolue au travers de scènes qui s'enchaînent avec du sens et des rebondissements, est très bien construit au sein d'un univers unique.

J'ai adoré cet OVNI poétique et singulier ! Je comprends que ce film puisse déconcerter ou ne pas plaire du tout, si on n'adhère pas de suite, vu que le ton est décalé tout du long. C'est un voyage burlesque, étonnant et original qui m'a conquise.