23 juin 2016

Elle


Elle, c'est Michèle, incarnée par Isabelle Huppert, dans le film de Paul Verhoeven inspiré du roman Oh... de Philippe Djan. Le film a été présenté en compétition officielle au dernier Festival de Cannes, le réalisateur revenant sur la croisette après le sulfureux Basic Instinct projeté en 1992.

Michèle dirige avec son amie Anna (Anne Consigny) une entreprise de jeux vidéo. Elle habite seule une maison de banlieue, à côté de ses polis et discrets voisins Rebecca et Patrick (Virginie Effira et Laurent Laffite). Elle fréquente toujours son ex compagnon Richard (Charles Berling) et rend visite régulièrement à sa mère, la fantasque et libérée Judith Magre.
Alors qu'elle est à son domicile, un intrus fait irruption dans son salon, la frappe et la viole. Elle décide de ne rien dire, ni à la police, ni à ses proches. Elle reprend son travail, tout en menant son enquête et se méfiant de certains membres de son entourage...

L'originalité du film tient en la personnalité de Michèle qui est haute en couleurs. Elle est ainsi capable d'emboutir l'avant de la voiture de Richard, afin de régler une contrariété passagère ou de tenir des propos très crus à sa mère qui fréquente de jeunes amants. Les dialogues sont rafraichissants et surprenants. On rit beaucoup grâce à cela, malgré la noirceur des situations.

Le film dure 2h10. J'ai été conquise par la première 1h30 et le ton très original dû en grande partie à la personnalité d'Isabelle Huppert. Ensuite, j'ai été un peu déçue par des répétitions et la non-compréhension de certaines décisions du personnage de Michèle. C'est malgré tout un bon film, singulier par son ton, mais qui aurait pu être amélioré selon moi grâce à un scénario moins répétitif.

12 juin 2016

Julieta


Julieta de Pedro Almodovar était présent en compétition officielle au Festival de Cannes. Le dernier de ses films qui m'avait vraiment plu était Volver, sorti en 2005, qui avait d’ailleurs reçu le prix interprétation féminine pour toutes ses actrices à Cannes.

Julieta, madrilène qui va s'exiler, croise par hasard dans la rue une jeune femme qui était amie avec sa fille. Sa rencontre va la chambouler. S'initie alors un récit introspectif et une enquête dans l'histoire familiale.

Avant d'aller au cinéma, j'avais lu une interview croisée de Pedro Almodovar et Delphine de Viganun auteur que j'apprécie tout particulièrement et notamment ses deux derniers romans : Rien ne s'oppose à la nuit et Une histoire vraie qui sont encore très présents dans ma mémoire, à des niveaux différents.
Elle y décrit le moment - repris dans l’affiche - où les deux actrices qui jouent le rôle éponyme à deux périodes différentes cèdent la place l'une à l'autre. C'est à la fois ingénieux et simple. Emma Suarez et Adriana Ugarte, respectivement Julieta à l'âge de 50 et 30 ans, sont toutes deux nouvelles dans l'univers du réalisateur espagnol.

Le film est ponctué de très beaux dialogues (à voir absolument en VO) et la superbe photographie nous transporte à Madrid, en Andalousie et en Galice. Les flash backs sont intéressants et la construction du récit est passionnante.
On ne pleure pas forcément lors du film, mais on sort secoué, avec les émotions à fleur de peau : l'histoire est simple et fait écho à nos histoires personnelles ou à ce qui pourrait nous arriver. Cette cuvée d'Almodovar est un très bon cru.