18 novembre 2024

Swann Périssé dans Calme

 
Swann Périssé s'est fait connaître en postant des vidéos sur YouTube il y a 10 ans déjà. Elle a notamment fait le buzz avec la vidéo Il m'a quitté par mail dans laquelle elle documentait sur plusieurs mois sa rupture soudaine et son chagrin d'amour.

Elle a écrit en quelques jours un spectacle inédit d'1h15 sur la politique intitulé Dernier spectacle avant la fin du monde, publié le 27 juin 2024, juste avant le premier tour des élections législatives du 30 juin 2024, un vrai tour de force.
 
Elle est connue pour ses engagements écolos. Elle a créé le podcast Y'a plus de saisons, dans lequel elle a reçu notamment Jean-Marc Jancovici, Camille Etienne, Guillaume Meurice ou encore Cyril Dion.
 
Elle joue fin 2024 au théâtre Édouard VII (situé dans le quartier de la Madeleine, "un quartier que son public gaucho ne connaît pas") les mardis et mercredis à 19h son nouveau spectacle Calme, un adjectif qui ne la caractérise pas du tout !
Swann Périssé, c'est un concentré d'énergie, un dynamisme qui semble sans faille. Elle ose tout : e
lle en impose niveau look, avec ses tenues moulantes et flashy en vinyle, parcourt la scène avec une démarche assurée, tout en se moquant d'elle-même, et en portant des bottes imprimé animal.
Elle parle de sa colère et de comment elle essaie de la gérer en ne suivant pas les conseils de son psy.
Elle raconte sans filtre des histoires personnelles, parfois de façon trash, flirte avec la folie, par exemple quand elle se fait rire elle-même !
Elle est très à l'aise en impro : elle interagit et joue avec son public en rebondissant sur les réponses données par les spectateurs à ses questions.
Elle raconte des anecdotes très drôles, attention à ne pas confondre "cure de jeûne" et "cure de jeunes"... Elle aborde aussi des sujets féministes, comme le procès Pelicot et la notion de consentement, tout en réussissant à rester drôle par moment.
Elle maîtrise la pédale loop (qui enregistre des boucles de son) et improvise une chanson de fin de spectacle.

Calme c'est un pur moment drôle, unique, sincère, vivant, qui alterne passages écrits et moments d'impro, qui révèle le talent de Swann Périssé sur scène. C'est à mourir de rire par moment, je ne me remets pas de l'histoire du lavement à la fin du spectacle 🤣

12 novembre 2024

Grace - Jeff Buckley Dances by Benjamin Millepied

     

Grace est le seul album studio de Jeff Buckley enregistré de son vivant. L'artiste est décédé en 1997 à l'âge de 31 ans d'une noyade accidentelle.

Benjamin Millepied a été séduit par la voix de Jeff Buckley dès la première écoute à New York en 1994. C'est donc le 30e anniversaire de cet album culte et intemporel.

Grace - Jeff Buckley Dances est la première création mondiale du chorégraphe mêlant spectacle musical et danse.

The Grace Company aspire à porter des projets de la scène au cinéma en lien avec la musique et la danse. La troupe de 10 danseurs virevolte sur scène avec grâce, dont David Adrien Freeland qui incarne Jeff Buckley. Les 9 autres interprètes sont à la fois l'expression de ses désirs et de ses peurs, l'apparition de ses amis et de ses amours. Ces danseurs sont polymorphes, transmettent l'émotion avec leurs pas, avec une énergie communicative. Des passages alternent en groupe, en duo et en solo.

L'action se déroule entre 1994 et 1996. Dans les tableaux successifs, on ressent la fragilité de l'artiste.

Le spectacle commence avec Song to the siren, chanson de Tim Buckley, le père de Jeff Buckley.
La version de Calling you de Jeff Buckley, chanson popularisée par le film Bagdad café, est sublime et m'a fait redécouvrir le texte.

L'emblématique Hallelujah, écrit par Leonard Cohen, résonne juste avant l'entracte et embarque les spectateurs.
Le final sur Whole lotta love de Led Zeppelin 
(qu'il chantait juste avant de se noyer) est dingue !

Tous les textes utilisés dans le spectacle sont de Jeff Buckley. J'ai retenu :
"La musique, c'est 10% d'inspiration, 90% de transpiration."
"L'amour guérit de toutes les blessures, pas seulement le temps."

Un musicien joue de la guitare électrique en live sur certains morceaux.

Un caméraman est présent sur scène. Il réalise des jeux de mise en scène très cinématographiques, des gros plans diffusés sur l'écran géant ou effectue des plans chorégraphiés, en créant des effets visuels en direct avec beaucoup d'inventivité, par exemple en jouant à l'image avec le lit présent sur scène ou avec la fenêtre dans la scénographie. 

C'était la première fois que j'assistais à un spectacle à La Seine Musicale. Le lieu est très agréable, la "grande seine" est magistrale et l'acoustique très réussie.

Le spectacle, qui dure 2h45 avec un entracte, est ambitieux, original et très cinématographique.


3 novembre 2024

Le cœur qui bat

 
Le cœur qui bat est un film documentaire de Vincent Delerm sur le sentiment amoureux. Il traite de la rencontre, de la relation de couple et de la fin d'une relation.

La bande annonce dévoile des extraits de témoignages de personnes anonymes ou célèbres.
Certains m'ont marqué davantage : 
- cela commence par l'histoire de Mathilde qui était à l'école primaire avec Vincent Delerm et qu'il a retrouvée 30 ans après
- Suzanne Lindon qui dit "je peux pas rester pas amoureuse, ça m'intéresse pas !"
- le chorégraphe et danseur Léo Walk qui confie être en roue libre quand il est amoureux et s'interroge sur sa virilité et sa sensibilité
- le chanteur Nicolas Michaux et son concept de "second hand love" après avoir vécu un grand amour qui a pris fin
- le peintre et écrivain Serge Rezvani sur sa relation avec sa femme. La chanson "Ni trop tôt, ni trop tard" est reprise par Vincent Delerm dans la bande originale du film.

Vincent Delerm joue aussi le jeu des confidences en narrant son amitié avec Vincent Schmidt adolescent, l'histoire de ses parents Martine et Philippe, la certitude de l'amour tout en regardant un paysage enneigé à Montréal de nuit.

Sorti le 22 septembre, le film est projeté pour les Parisiens tous les dimanches au Cinéma des Cinéastes. Il ne dure que 1h08, un si joli moment trop court, qui alterne les séquences en noir et blanc et en couleurs.

Comme l'a dit le philosophe André Comte-Sponville dans Pensées sur l'amour : "L'amour est le sujet le plus intéressant, et aucun autre n'a d'intérêt qu'à proportion de l'amour que nous y mettons ou y trouvons."
 
C'est l'objet du film Le cœur qui bat de Vincent Delerm. C'est émouvant, intime et pudique à la fois. Les personnes interviewées s'y dévoilent sur l'Amour avec sincérité et sans artifice.