28 novembre 2014

Un dîner d'adieu



La pièce Un dîner d'adieu se joue au théâtre Édouard VII depuis la rentrée. Elle a été écrite par Alexandre de la Patelière et Mathieu Delaporte, les auteurs de la pièce Le Prénom, que j’avais eu la chance de voir dans ce même théâtre il y a quelques années.

Le point de départ de cette pièce : Clotilde et Pierre (Audrey Fleurot et Eric Elmosnino) forment un couple d'urbains qui sont débordés par leurs activités diverses. Ils trouvent que parfois ils se rendent à des dîners chez des amis alors qu'ils n'ont pas vraiment envie d'y aller. S'ils ne s'y rendaient pas, cela leur permettrait d'avoir plus de temps pour eux et faire des activités dont ils ont vraiment envie.
Ils décident donc d’organiser des dîners d'adieux avec certains de leurs amis dont ils pourraient se passer : ils les recevront une dernière fois en leur accordant des petites attentions (leur plat préféré, leur musique favorite, etc.). Ils décident, après une légère hésitation, de recevoir en premier Antoine (Guillaume de Tonquédec), l'ami d'enfance de Pierre, et son épouse à l'un de ces fameux dîners ...

Le sujet de la pièce est intéressant et original, il est bien traité, malgré quelques longueurs.
Les trois acteurs jouent leur partition, le rôle d'Audrey Fleurot étant un peu en retrait par rapport aux deux rôles masculins. J'ai bien aimé la présence sur scène d'Eric Elmosnino et son phrasé.
La pièce est drôle, notamment la scène de "mise à nu" des hommes que je vous laisse découvrir en live ...
Le résultat est agréable, mais moins réussi que leur précédente pièce Le Prénom que j'avais adoré pour sa subtilité et la qualité des dialogues.

16 novembre 2014

Mommy


Mommy est le sixième film de Xavier Dolan qui a remporté le Prix du Jury au dernier festival de Cannes.

Au début du film, Diane va chercher dans un centre de rétention fermé son fils Steve, adolescent avec un trouble de déficit de l'attention. Ils vont vivre ensemble de nouveau tous les deux, le père de Steve étant décédé depuis 3 ans. Ils vont également se rapprocher de leur voisine Kyla, une institutrice en congé sabbatique.

Le film est canadien. Il faut s'habituer à l'accent des acteurs et se familiariser avec les expressions typiques grâce au sous-titrage.

L'image est carrée la plupart du temps : elle est étriquée et traduit l'enfermement de Steve et le mal-être des personnages principaux.
Quand l'image devient rectangulaire pour la première fois, la scène est très belle : Steve saisit lui-même les bordures verticales de l'image et les repousse comme un changement de perspective qu'il introduit dans leurs vies. C'est signe d'espoir, d'ouverture aux autres, à la lumière, de positivisme ... Malheureusement, cela ne va pas durer.

Le film est dense, fort, poignant, violent, dérangeant parfois. 
Le jeune acteur Antoine-Olivier Pilon qui incarne Steve est très expressif. Il alterne les moments de calme et de furie. Il avait déjà travaillé avec Xavier Dolan pour le clip choc du groupe Indochine College Boy tourné en 2013, également tourné en format d'image carrée.
Les deux autres actrices québécoises Anne Dorval (Diane) et Suzanne Clément (Kyla) sont très justes.

La musique joue un rôle important dans le film. Elle est choisie avec beaucoup de soin. Elle comporte des morceaux anglo-saxons, comme Wonderwall d'Oasis lors d'une très belle scène, ou encore des chansons plus locales avec Céline Dion.

Xavier Dolan a une façon de filmer très spécifique. Il fait des choix de positionnement de caméras, d'utilisation des ralentis, de gros plans sur les acteurs. Il utilise parfois des angles originaux et cela fait sa singularité et sa force. 
Il arrive également à faire surgir de la poésie dans des scènes très simples, minimalistes, comme quand Steve "danse" avec un caddie sur un parking.
Son style est affirmé : malgré son jeune âge, il a déjà beaucoup d'expérience.
J'avais déjà succombé au charme de son film les Amours Imaginaires en 2010, où les ralentis trouvaient également leur place et dans lequel il jouait en plus de réaliser.

La fin est ouverte et permet au spectateur d'imaginer leur propre destin aux personnages.

Mommy est le plus grand succès de Xavier Dolan en France . Il a déjà deux autres films en préparation.

2 novembre 2014

Magic in the Moonlight


Je vais voir tous les films de Woody Allen au cinéma depuis des années, c'est un rituel immuable à chaque sortie à l'automne. C'est un plaisir qui commence dès le générique et sa typographie si spécifique.
Les derniers opus qui m'ont vraiment plus sont Match Point et Blue Jasmine l'an dernier. Mais même un mauvais cru de Woody Allen est toujours agréable à mes yeux !

Le film commence en 1928 à Berlin lors d'un spectacle du magicien chinois Wei Ling Soo incarné par Colin Firth - alias Stanley Crawford - grimé en asiatique. Il ravit ses spectateurs par des tours de prestidigitation spectaculaires, comme la disparition sur scène d'un éléphant.
C'est alors qu'une de ses connaissances vient le voir en loge après la représentation pour le féliciter. Il lui propose de venir dans le sud de la France, sur la riviera, afin de démasquer une jeune medium Sophie Baker (Emma Stone). Celui-ci la soupçonne d'être un imposteur et de vouloir profiter des richesses de la famille qui l'accueille et à qui elle prédit l'avenir et prétend discuter avec le défunt mari.
Stanley accepte, il a l'habitude de débusquer les faux extralucides grâce à ses connaissances en magies et tours d’illusionnistes.
Mais, il va être rapidement désarçonné par la charmante Sophie et ses révélations si personnelles et tellement justes sur son passé, sa famille, etc.
Dès lors, va-t-il la démasquer ou lui reconnaître un véritable talent inné ? 

Le rythme du film est assez lent, mais sied bien au propos.
Les costumes d'époque sont absolument ravissants et la musique très jazz complète agréablement les scènes.
La relation qui se noue entre les personnages incarnés par Colin Firth & Emma Stone est très plaisante à suivre. On prend plaisir à suivre son évolution qui rappelle un peu les comédies américaines de Lubitsch, par exemple The Shop around the corner sorti en 1940 où les personnages principaux commencent par se détester avant de se rapprocher.