24 mars 2022

Goliath


Goliath est un film co-scénarisé et réalisé par Frédéric Tellier avec Gilles Lellouche, Pierre Niney et Emmanuelle Bercot.
 
Patrick (Gilles Lellouche) est un avocat reconverti en droit environnemental ; Mathias (Pierre Niney) est lobbyiste au sein du cabinet international Better world ; France (Emmanuelle Bercot), professeur de gym le jour, manutentionnaire la nuit, milite activement contre l'usage des pesticides. Ces trois personnages vont se croiser suite à un événement tragique, quelques semaines avant le vote du renouvellement de l'autorisation du pesticide tétrazine du laboratoire Phytosanis au parlement européen...
 
Pierre Niney, technicien du BEA dans Boîte noire, avait déjà tourné avec le réalisateur dans Sauver ou périr. Dans ce film, il est cynique à souhait et révèle tout le pouvoir de la rhétorique. Il manipule son auditoire, au travers d'images fallacieuses, en expliquant par exemple que les bonbons que l'on donne à ses enfants sont plus risqués que l'usage des pesticides, ses éléments de langage étant repris par toutes les parties prenantes.

Gilles Lellouche, vu récemment dans Bac nord m'a impressionnée et touchée dans ce rôle. Au fur et à mesure du film, il va s'impliquer personnellement et prendre des risques importants pour la quête de la vérité et de la justice.
 
J'aime Emmanuelle Bercot autant en tant qu'actrice (Polisse, Mon roi, Fête de famille) que réalisatrice (La fille de Brest, La tête haute, certains épisodes de la deuxième saison d'En thérapie seront bientôt disponibles). Son engagement et la justesse qui se dégagent des personnages qu'elle incarne me convainc à chaque fois. Au départ, Frédéric Tellier lui avait proposé le rôle de l'avocat, puis celui du lobbyiste... et enfin celui de la militante ! Selon elle, tous les personnages étaient complexes et intéressants à défendre. Dès lors elle s'est investie dans le rôle de France.
 
Dans le casting, sont également présents :
- Laurent Stocker, collègue de Pierre Niney qui a plus d’ancienneté dans le cabinet,
- Marie Gillain - que je trouve trop rare au cinéma - journaliste et ex copine de Gilles Lellouche,
- Jacques Perrin, expert des effets sur la santé d'une exposition à des pesticides,
- Yannick Renier, très émouvant dans le rôle de Zef, le mari d'Emmanuelle Bercot. La scène du bain de minuit est magnifique en terme de photo et celles avec sa fille sont émouvantes.

Le film se conclut par une citation de Mary Oliver : "Dis-moi qu'entends-tu faire de ton unique sauvage et précieuse vie ?".
Porté par un casting formidable, Goliath est un film actuel,
engagé et utile. Il nous prouve qu'à force d'acharnement, David peut réussir à vaincre Goliath.
 

17 février 2022

Les promesses


Les promesses est un film de Thomas Kruithof avec Isabelle Huppert et Reda Kateb.

Clémence (Isabelle Huppert) est maire d’une ville de banlieue située dans le 93. Elle se démène avec son directeur de cabinet Yazid (Reda Kateb) pour réhabiliter le quartier des Bernadins, confrontée aux marchands de sommeil et à des logements insalubres. Elle a prévu de terminer son mandat et de laisser la main à son adjointe Naidra (Naidra Ayadi). Mais, elle est contactée pour devenir ministre lors d'un prochain remaniement. Son ambition personnelle va-t-elle lui faire revoir ses plans de carrière ?

C'est un film sur le milieu de la politique, qui met en lumière les manigances et les jeux de pouvoir en son sein. Comme le dit le personnage incarné par Reda Kateb : "Une promesse non tenue ce n'est pas un mensonge". Quant à Isabelle Huppert, elle emploie des éléments de langage offensifs pour convaincre ses administrés : "Je ne suis pas là pour vous dire qu'on va se battre, je suis là pour vous dire qu'on va gagner".
 
Isabelle Huppert, Reda Kateb et Naidra Ayadi sont encore une fois convaincants dans leurs rôles respectifs.
Jean-Paul Bordes, Laurent Poitrenaux et Soufiane Guerrab viennent compléter ce casting impeccable.

Le rythme et l'intensité vont crescendo jusqu’au dénouement qui tient en haleine.

Ce drame qui flirte avec le thriller est une bonne surprise, alors que le milieu politique aurait pu me rebuter a priori, grâce à un casting réussi et une intrigue captivante.

8 février 2022

Numéro deux

 
Numéro deux est le nouveau roman signé par David Foenkinos.
 
L'incipit décrit l'intrigue de façon explicite : "En 1999 débutait le casting pour trouver le jeune garçon qui allait interpréter Harry Potter et qui, par la même occasion, deviendrait mondialement célèbre. Des centaines d'acteurs furent auditionnés. Finalement, il n'en resta plus que deux. Ce roman raconte l'histoire de celui qui n'a pas été choisi". 
La postérité retient le numéro un, à savoir Daniel Radcliffe ; Numéro deux c'est l'histoire de Martin Hill.

J'ai lu la plupart des livres de l'écrivain, depuis la découverte de ses œuvres avec La délicatesse, le très émouvant Charlotte qui relate la biographie de l'artiste Charlotte Salomon, Le potentiel érotique de ma femme, Nos séparations, Vers la beauté, Le mystère Henri Pick... mais aussi ses films réalisés avec son frère, comme Les souvenirs.

J'apprécie son style, l’originalité de ses histoires,
leurs points de vue, leurs déroulés et le sens de la formule pour décrire les situations ou les sentiments, parmi lesquelles dans Numéro deux "La vie n'a pas de marche arrière", "La vie est trop courte pour être irréprochable", "Il arrive donc que l’on agisse mal par délicatesse".

Le livre est composé de quatre parties qui coïncident avec l'avancée en âge de Martin.


Des interludes mettent en exergue d'autres "numéro 2"
qui ont joué de malchance au travers d'éléments biographiques véridiques, par exemple Pete Best qui a failli être un Beatles.

J'ai eu l'occasion de rencontrer
David Foenkinos lors d'une séance de dédicaces. Il semble être très humain, d'une grande douceur, ravi de rencontrer ses lecteurs et d’échanger avec eux sur leurs goûts et leurs habitudes durant quelques minutes.
 
Il a fait parvenir le livre à
J.K. Rowling, il n'a pas encore eu de retour de sa part.

J'ai beaucoup aimé la lecture de ce roman, qui part d'un sujet original et réussit à surprendre et émouvoir au fil des pages.
 

18 janvier 2022

West Side Story

West Side Story est un film de Steven Spielberg, basé sur la comédie musicale aux 10 Oscars créée à Broadway, avec Rachel Zegler & Ansel Elgort dans les rôles-titres.

A New York, en 1957, deux clans s'affrontent au sein d'un même quartier : les Jets et les Sharks. Tony, qui fait partie des Jets, rencontre un soir Maria, la sœur de Bernardo, l'un des leaders des Sharks. Leur amour parviendra-t-il à dépasser les rivalités entre leurs groupes ennemis ?

Les décors sont magnifiques, les reconstitutions très réalistes, et notamment :
- le gymnase dans lequel les Jets et les Sharks dansent côte à côte (chanson The dance at the gym)
- l’affrontement entre Tony et Riff des Jets sur les quais (chanson Cool)
- le hangar de sel qui accueille les deux clans rivaux lors d'une rixe mortelle (chanson The rumble).

Les chorégraphies sont millimétrées, comme dans la scène inaugurale qui est grandiose et plante le décor, ou quand les Jets se jouent des policiers dans le commissariat.

Contrairement au film de 1961 de Robert Wise et Jerome Robbins, les acteurs interprètent leurs chansons et ne sont pas doublés.
Toute la musique de Leonard Bernstein est iconique et inoubliable. Il est impossible de ne pas la fredonner sous le masque dans la salle de cinéma !

Rachel Zegler incarne Maria. C'est son premier rôle au cinéma et c'est une réussite totale. Quel talent brut, quelle grâce et quelle belle découverte dans ce rôle si convoité. I feel pretty lui sied à merveille ! Elle a été sacrée meilleure actrice aux Golden Globes à 20 ans seulement. Elle sera bientôt dans le remake du dessin animé Blanche-Neige.
 
Ansel Elgort (Nos étoiles contraires, Baby driver, Le chardonneret) m'a convaincu dans ce rôle : il incarne un personnage mature, qui a pris du recul après avoir séjourné en prison. Il sent que quelque chose de bon va lui arriver (chanson Something's coming) le jour de sa rencontre avec Maria, mais le destin et la fatalité vont le rattraper. 

Une réelle alchimie se dégage entre ces deux acteurs. Par la mise en scène, Steven Spielberg accentue leur écart de taille, comme lors de la scène dont la musique s’intitule Balcony scene qui se conclut par la chanson Tonight. Cela renforce le côté protecteur de Tony vis-à-vis de Maria, jusqu'à ce que leurs rôles s'inversent à la fin du film.

Tout le casting est formidable : il est composé d'acteurs / chanteurs / danseurs talentueux, parmi lesquels David Alvarez dans le rôle de Bernardo, Ariana DeBose dans celui d'Anita et Mike Fest dans celui de Riff.

J'ai eu un énorme coup de cœur pour cette fresque de 2h30, rythmée, flamboyante et émouvante, dans la veine de Roméo et Juliette. Le casting et la mise en scène contribuent à faire de ce film un futur classique, tout comme l'était le précédent.