18 novembre 2021

Aline

Après Palais Royal ! et Marie-Francine, Valérie Lemercier réalise Aline, une fiction librement inspirée de la vie de Céline Dion. Elle a collaboré avec Brigitte Buc, sa complice depuis 15 ans, pour les dialogues et le scénario.

Valérie Lemercier incarne Aline Dieu, une québécoise à la voix d'or, depuis sa petite enfance jusqu'à son succès à l’international. Ses relations avec
sa famille nombreuse et son manager Guy-Claude sont au cœur de l'intrigue.

Grâce au recours à des effets spéciaux, elle peut incarner Aline petite fille. Elle aime jouer des rôles d'enfant, comme dans le sketch hilarant L'école du fan avec Les Nuls dans le rôle d'Odeline !

L'attitude sur scène, les tenues pendant les concerts ou les différentes coupes de cheveux sont parfaitement reproduites.

Les chansons sont interprétées par sa
doublure vocale Victoria Sio.

Le film est une grande déclaration d'amour de Valérie Lemercier à Céline Dion qui ne l'a pas encore vu.
 
C'est un film très original et réussi grâce au grain de folie de Valérie Lemercier. C'est un biopic inclassable à l'image de sa créatrice.

15 septembre 2021

Boîte noire

Boîte noire est un thriller de Yann Gozlan avec Pierre Niney, que j'ai eu la chance de voir en leur présence lors d'une séance en avant première.

Mathieu Vasseur (Pierre Niney) est technicien analyste spécialisé en acoustique au BEA (Bureau d'Enquêtes et d'Analyses pour la sécurité de l’aviation civile). Le dirigeant du BEA (André Dussollier) lui confie l'enquête relative au crash d'un avion qui a fait 300 victimes dans les Alpes. A quelques semaines du Salon du Bourget (salon international de l'aéronautique et de l'espace), son rapport d'analyse est crucial, il est attendu avec une vive impatience, les enjeux commerciaux et  politiques étant considérables pour le secteur. Mais, son analyse de la boîte noire va révéler de nombreuses incohérences. Il va alors mener sa contre-enquête pour faire toute la lumière sur ce crash...

Yann Gozlan est le réalisateur et le scénariste du film.  Il a écrit Boîte noire en pensant à lui. Il a déjà collaboré avec Pierre Niney pour Un homme idéalavec Ana Girardot, sorti en 2015, dans lequel il incarnait un auteur qui aspirait au succès. Son personnage s'appelait... Mathieu Vasseur !

Ses références cinématographiques sont Plein Soleil de René Clément et son remake Le talentueux M. Ripley d'Anthony Minghella, The social network de David Fincher ou encore Conversation secrète de Francis Ford Coppola. 

Boîte noire a reçu deux prix du public : l'un au Festival du film francophone d'Angoulême, l'autre au Festival du film policier 2021. Il a nécessité seulement 50 jours de tournage 

Pierre Niney a commencé sa carrière en jouant des rôles dramatiques : Yves Saint-Laurent (qui lui valut le César du meilleur acteur en 2015), Frantz de François Ozon, Comme des frères d'Hugo Gélin... Il a également tourné dans des comédies, parmi lesquelles Five avec François Civil et 20 ans d'écart avec Virginie Efira. Récemment, dans la série La Flamme, co-écrite par Jonathan Cohen, il incarne le docteur Juiphe et fait preuve de beaucoup d'autodérision, tout comme dans OSS 117 Alerte rouge en Afrique noire de Nicolas Bedos. 

Pour Boîte noire, il a rencontré des membres du BEA en amont du tournage pour préparer son rôle. Il a aussi effectué un travail corporel : il a retranscrit physiquement le caractère introverti de son personnage et son malaise en société en se tenant voûté et en perdant du poids.

Son personnage en perdition s'isole au fur et à mesure de l'avancée de sa contre-enquête, alors que le doute commence à s'installer. Le personnage est obsessionnel, passionné par son travail. Il ne peut pas lâcher l'affaire et poursuit coûté que coûte sa quête de vérité destructrice.

Il a éprouvé un grand plaisir à jouer avec André Dussollier.

Lou de Laâge joue sa femme. Diplômée de la même école d'ingénieurs en aéronautique que son mari, son personnage est ambitieux et carriériste. Elle livre une partition convaincante, son personnage prend de l'épaisseur au fil de l'intrigue. Elle a notamment joué dans Les innocentes d'Anne Fontaine et Respire de Mélanie Laurent. 

A leurs côtés, Olivier Rabourdin, Aurélien Recoing, Sébastien Pouderoux et Guillaume Marquet complètent ce casting très réussi. 

Filmé dans les locaux du BEA, le film dévoile les coulisses du monde aéronautique de façon très réaliste et documentée. Les flashback successifs sont très réussis et immersifs. Les séquences d'écoute de la boîte noire sont passionnantes malgré leurs répétitions.  

La mise en scène est maîtrisée, avecune attention particulière portée sur l'ouïe. Le film multiplie les fausses pistes, mais tout se tient. La tension va crescendo et le suspense est présent jusqu'à la dernière seconde du film.

La musique électronique et le montage sonore de Philippe Rombi souligne et accentue la tension qui va crescendo. 

Boîte noire est un thriller français implacable, sans aucune scène ni personnage secondaire superflus. Pierre Niney porte le film de bout en bout avec conviction. Ce thriller est une vraie réussite. C'est d'autant plus remarquable que c'est un genre peu traité par le cinéma français.

Pierre Niney

Lou de Laâge
Pierre Niney & André Dussollier

13 juillet 2021

Signac au musée Jacquemart-André

Le musée Jacquemart-André consacre une exposition à Paul Signac (1863-1935), un peintre impressionniste méconnu du grand public. Elle est intitulée Les harmonies colorées.

Il était ami de Georges Seurat et admirateur du travail de Paul Monet.

Il se rend pour la première fois en Bretagne à l'été 1885. Il y réalise une série de marines :

Saint-Briac. Le Béchet

En 1893, il entreprend une composition ambitieuse pour célébrer la vie qu'il mène sur le rivage méditerranéen. Son style s’épanouit, sa technique évolue pour donner toujours plus d’impact à la couleur :

Étude pour Au Temps d'Harmonie (Le joueur de boules penché)

Après avoir largement exploré le littoral breton et les bords de Seine, il découvre le port de Saint-Tropez. Au cours des 5 années qui suivent, il consacre exclusivement son travail à cette ville.

Il réalise des aquarelles et mines de plomb sur papier de plusieurs villes côtières du sud de la France, comme celle-ci à Menton, et également au mont Saint-Michel :

Menton

Certaines de ses œuvres sont originales par leurs formes :

Venise, San Giorgio (éventail)

Palette. Aux tuileries

Dans le cadre de ce musée à taille humaine, des tableaux d'autres peintres contemporains de Signac sont présentés : Maximilien Luce, Achille Laugé, Henri-Edmond Cross...

Cette exposition agréable à visiter, mais assez réduite, vient d'être prolongée jusqu'au lundi 26 juillet.

25 juin 2021

Promising young woman


Pour le retour en salle, j'ai choisi d'aller voir le film Promising young woman d'Emerald Fennell avec Carey Mulligan. 
 
Dès le pré-générique, on découvre l'occupation de Cassie (Carey Mulligan) la nuit : elle se rend en boîte, prétend être ivre, et quand un homme essaye ensuite d'abuser d'elle à son domicile, elle lui fait comprendre que son comportement est inapproprié. C'est révélateur d'un désir de vengeance enfoui en elle depuis longtemps, qui va se réveiller à l'occasion du retour d'une connaissance dans sa vie... 

Cassie travaille
dans un café, après avoir arrêté brusquement ses études de médecine. A 30 ans, elle et vit toujours chez ses parents, qui sont désabusés face à son attitude. 

Carey
Mulligan a tourné dans de nombreux films, parmi lesquels Une éducation, Shame, Inside Llewyn Davis et Gatsby le magnifique. Pour ce rôle, elle est métamorphosée : bronzée, avec des cheveux longs blonds clairs. Pour moi, l'actrice a toujours eu une image lisse, ce rôle subversif est à contre-emploi. Le personnage de Cassie revêt un maquillage chargé et des tenues sexy quand elle sort le soir, contrairement aux tenues sages, presque enfantines, qu'elle porte le jour. 

Promising young woman est le premier long-métrage d'Emerald Fennell. Elle est
également actrice, a produit et écrit plusieurs épisodes de la saison 2 de la série Killing Eve, qui comporte des scènes de violence intenses soudaines comme dans ce film. Celles-ci m'ont fait penser à Drive de Nicolas Winding Refn dans lequel Carey Mulligan incarnait la voisine de Ryan Gosling. 
Il y a également une référence au Joker quand elle étire son rouge à lèvres vers l’extérieur du coin de sa bouche.

Le film est co-produit par Margot Robbie
qui continue à soutenir des films avec des rôles féminins forts (Moi, Tonya, Terminal, Birds of prey, etc.). 
 
La bande originale contient des morceaux pop souvent revisités, comme Toxic de Britney Spears, ou encore le tube de Paris Hilton (!) Stars are blind dans une scène très drôle avec Bo Burnham.

Viennent compléter le casting Laverne Cox, Alison Brie, Connie Britton, Adam Brody et Jennifer Coolidge qui joue la mère de Cassie.

Structuré en chapitres, le film est
surprenant, même si j'ai deviné certains développements de l'histoire dont le final. Il a reçu de nombreuses récompenses, dont l'Oscar du meilleur scénario original, ainsi que les Independant Spirit Award du meilleur scénario et la meilleure actrice.

C'est un film original, avec un personnage
principal qu'on n'a pas l'habitude de voir sur grand écran. On assiste à une vraie performance de Carey Mulligan.

25 mai 2021

Sarah Sze & Artavazd Pelechian à la Fondation Cartier


La culture se déconfine enfin ! La Fondation Cartier rouvre les expositions De nuit en jour de Sarah Sze et La nature d'Artavazd Pelechian.

Sarah Sze est une artiste américaine qui vit à New York. Elle y a notamment réalisé des installations pour des stations de métro. Elle propose au visiteur une expérience à la fois visuelle et sonore. Elle
a introduit la vidéo dans ses créations depuis quelques années.

Elle a créé deux œuvres sur mesure pour la Fondation Cartier, qui s’inscrivent dans la série Time keeper.

Dans la grande salle, Twice twilight est une installation majestueuse qui m'a fait penser à un nid d'oiseau, donc une évocation de la nature, alors qu'elle est constituée de matériaux industriels, avec des caméras pivotantes, ainsi que des images.
J'ai contemplé cette œuvre à de multiples reprises, en en faisant le tour pour admirer ses différentes perspectives et les projections de visuels évoluant sur les murs selon l'heure, sans jamais m'en lasser, en ressentant de la sérénité et une réelle appréciation de l'esthétisme de cette création.
 

Dans l'autre salle, Tracing from the sky est une œuvre de forme circulaire, avec des objets du quotidien posés à l'extérieur qui rappellent les éléments à l’intérieur. Elle combine différentes matières, brillantes ou mates. Un pendule, suspendu au dessus, se balance et façonne la forme du l'amas central constitué de poudre de couleur blanche.
Une nouvelle fois, l'artiste laisse le visiteur se faire sa propre interprétation de sa création, selon son imaginaire personnel.
 

 
D'autre part, au sous-sol,
une exposition est consacrée à Artavazd Pelechian, un vidéaste Arménien.
 
Patti Smith lui a rendu hommage ici-même lors d'un concert en 2014.
 
Des portraits photographiés par Raymond Depardon ou du peintre et designer graphique japonais Tadanori Yokoo sont présentés, parmi lesquels celui ci-dessous réalisé en 2014.
 
 
Une citation de l'artiste est mise en exergue : "Je suis persuadé que le cinéma peut véhiculer certaines choses qu'aucune langue au monde ne peut traduire. Pour moi, il date de la tour de Babel, d’avant la division en différents langages."

J'ai regardé deux des trois films projetés :


- le court-métrage Terre des hommes, datant de 1966 mais d'une modernité folle, met en lumière le monde urbain et industriel, avec un montage saccadé et oppressant, mis en mu
sique par l'un de ses amis jazzman.
 
- Les saisons, rythmé par les concertos Vivaldi, montre la transhumance
à hauts risques de bergers et de leurs troupeaux dans un milieu aride, quelle que soit période de l'année, ainsi qu'une cérémonie de mariage traditionnelle arménien.

Que c'est agréable de retourner voir des expositions, de flâner devant des œuvres !
Néanmoins, il faut se presser d'aller à la Fondation Cartier, car ces expositions sont accessibles jusqu’au 30 mai seulement.