10 avril 2019

Ma vie avec John F. Donovan


Ma vie avec John F. Donovan (en version originale The Death and Life of John F. Donovan) est le premier film américain de Xavier Dolan. C'est déjà son septième film à seulement 30 ans. 

Le jeune Rupert vit avec sa mère. Isolé et solitaire, Rupert commence à écrire à l'acteur dont il est fan John F. Donovan, star de la série fantastique Hellsome High. Ils vont entretenir une correspondance, restée secrète pendant de nombreuses années. La révélation de ces échanges va avoir de lourdes conséquences et bouleverser leurs entourages respectifs.

Rupert est incarné à l'âge de 11 ans par Jacob Tremblay, puis à 21 ans par Ben Schnetzer (acteur vu dans la série télévisée La vérité sur l'affaire Harry Quebert).
Jacob Tremblay est un acteur incroyable. Révélé dans Room en 2016, avec l'oscarisée Brie Larson, confirme son énorme potentiel. Il est à la fois un fan hystérique devant sa télévision, un adolescent chahuté à l'école, un jeune acteur désireux de courir les castings et un fils qui a des difficultés de communication avec sa mère.
Il est dans ce film le double de Xavier Dolan. En effet, l'adolescent québécois avait l'habitude de contacter des acteurs : il a par exemple écrit à Leonardo di Caprio, après avoir vu 5 fois au cinéma Titanic de James Cameron !

J'ai rarement vu Kit Harington jouer au cinéma et je ne regarde pas la série Game of Thrones. Je n'avais donc pas d'avis préalable sur ses performances d'acteur. Il m'a convaincu dans ce rôle, je l'ai trouvé juste dans la retenue de ses émotions. Il campe un personnage qui n'est pas prêt à assumer son homosexualité dans le milieu du cinéma où il travaille. Il dit lui-même "je ne peux pas me le permettre". La question soulevée est : peut-on mentir aux autres mais surtout se sentir à soi-même ? Le fait de se voiler la face remet en cause sa légitimité professionnelle, vis-à-vis des autres mais aussi son estime de lui-même. Et plus largement les thèmes abordés sont : que doit révéler un acteur sur sa vie personnelle ? Où se situe la frontière entre vie privée et vie publique pour une star ?

La bande originale, très pop des années 2000, colle à l'époque du film. Elle est encore une fois signée Gabriel Yared. Elle regorge de sens, par exemple quand le tube Don't let me get me de Pink retentit sur ces paroles "LA told me, you'll be a pop star, all you have to change is everything you are", ce qui est la problématique de John F. Donovan.

Les seconds rôles sont féminins : Natalie Portman incarne la mère du jeune Rupert, Susan Sarandon la mère de John, Katie Bates son agent et Thandie Newton la journaliste qui interviewe Rupert adulte. 

Il y a toujours une mise en scène originale, comme la façon de filmer le coup de poing de John dans le mur chez sa mère ou les travellings de la ville de New York vus du ciel. Le film y a été tourné ainsi qu'à Montréal, Londres et Prague.
 
Après le choc Mommy qui était un drame bouleversant (et ma plus grande claque à ce jour de ce réalisateur) & Juste la fin du monde, dont l'atmosphère instillait le malaise de bout en bout, ce nouveau film m'a beaucoup plu. J'y ai décelé beaucoup de sincérité et d'honnêteté. J'ai aimé les personnages masculins, moins les personnages féminins, malgré deux histoires d'amour mère-fils différentes et très touchantes. Et le dernier plan ne m'a pas convaincue.

Son prochain film Matt et Max est déjà tourné. Sera-t-il dévoilé au prochain festival de Cannes, alors qu'il a développé un lien très fort avec la croisette ? A suivre.
 

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