28 janvier 2018

Le grand jeu


Le grand jeu - Molly's game en version originale - porte le nom du livre éponyme de Molly Bloom qui a raconté comment elle s'est retrouvée à organiser des parties de poker clandestines.

Malgré une bande-annonce peu attractive, je suis allée voir ce film, tout d'abord, pour Aaron Sorkin, qui a adapté cette histoire vraie. C'est la première fois qu'il est scénariste & réalisateur. Il est réputé pour être un grand showrunner (on lui doit la série À la Maison Blanche) et scénariste pour le cinéma (on peut citer The social network de David Fincher, Steve Jobs de Danny Boyle et Le stratège avec Brad Pitt & Philip Seymour Hoffman), des films qui m'ont marqués. Ma seconde motivation était pour le rôle principal incarné par la flamboyante Jessica Chastain, qui fait souvent des choix de films audacieux.

Je n'ai pas regretté d'avoir suivi mon intuition. Contrairement aux autres films scénarisés par Aaron Sorkin, cette fois l'héroïne est féminine et... quelle femme ! Du haut de son 1,63 mètre, perchée sur des escarpins à talons aiguille Louboutin de 12 cm, Jessica Chastain en impose. Elle incarne une femme brillante, forte et honnête, qui a des convictions : ce qui la caractérise, c'est son intégrité. En effet, elle n'a jamais révélé l'identité des joueurs des parties de jeux clandestins qu'elle a organisées durant 8 années à Los Angeles (des acteurs célèbres d'Hollywood s’installaient à sa table) et 2 ans de plus à New York.

Les flashbacks sont pertinents et le montage nerveux, comme l'introduction qui retrace le passé de championne de ski acrobatique de Molly Bloom, alors membre de l'équipe olympique des États-Unis. J'ai retrouvé la verve et le rythme de The social network dans cette scène.

Le casting est de qualité : Kevin Costner joue le père de Molly, il était son entraîneur quand elle était adolescente. La jeune actrice qui joue Molly adolescente est convaincante et très ressemblante à son ainée. Idris Elba est l'avocat de Molly, celui qui la défend alors qu'elle a enfreint l'article 1955 du code pénal en montant son réseau de jeux clandestins.

J'y ai trouvé un air d'Erin Brokovitch dans la détermination du personnage, rôle qui a valu l'oscar à Julia Roberts, une autre actrice rousse célèbre. Jessica Chastain a, quant à elle, décroché une nomination aux Golden Globes dans la catégorie Meilleure actrice dans un drame, le prix ayant été décerné à Frances McDormand pour 3 Billboards.     

A l'époque de Time's Up et de la question de la place des femmes à Hollywood et, plus largement, dans l'univers cinématographique, cela fait du bien de voir un film d'un grand studio américain porté par une femme de bout en bout, aka Jessica Chastain. Et premier essai réussi pour Aaron Sorkin en tant que metteur en scène.

14 janvier 2018

Nos éducations sentimentales


La pièce Nos éducations sentimentales est jouée depuis jeudi au Théâtre 13, dans une mise en scène de Sophie Lecarpentier.

Frédéric
ambitionne de devenir un écrivain célèbre ou un peintre renommé. Il quitte sa Normandie natale et son ami d'enfance pour monter à Paris. Il rencontre Marie durant le trajet et tombe immédiatement sous son charme. Avec cette femme mariée, il va se découvrir des goûts littéraires en commun, de Marguerite Duras à Anton Tchekhov. Le spectateur va suivre Frédéric et son entourage, au travers d'histoires d'amour et d'amitié, de noces, de deuils, de célébrations, de désillusions, de rencontres manquées et de réussites célébrées.

La lumière et la scénographie sont inventives et réussies, par exemple, quand une piscine plus vraie que nature semble surgir !

Six comédiens sont sur scène et il y a un septième acteur d'importance : la voix off, le narrateur qui, à la façon d'un Antoine Doisnel, conte les aventures de ce héros romanesque, à la croisée de Gustave Flaubert & de François Truffaut, deux références assumées.

J'avais vu précédemment - en 2009 déjà ! - Le jour de l'italienne, dans ce même théâtre, jouée par cette même compagnie Eulalie. J'ai retrouvé une énergie similaire grâce à une fo
rte complicité entre les acteurs. Cette troupe soudée de comédiens sert l'histoire qui se déroule sur plusieurs décennies.

Plus de deux heures d'un spectacle dense et ambitieux qui relève le défi de proposer une sorte de version
théâtrale des films de La Nouvelle Vague, mais profondément ancrée dans la société actuelle. L'époque se matérialise sur scène par un poste de radio qui scande les actualités du moment, qu'elles soient politiques ou sociales. Une pièce ambitieuse, qui fait écho en nous et, en cela, nous touche intimement, jusqu'à l’interprétation de la chanson Le Tourbillon de la vie par la troupe.


Cette épopée contemporaine est à voir de toute urgence et jusqu’au 18 février, réservez ici !

7 janvier 2018

La promesse de l'aube


La promesse de l'aube est un film d'Éric Barbier, d'après l’œuvre de Romain Gary, avec Charlotte Gainsbourg & Pierre Niney.

Romain Kacew dit Romain Gary a grandi dans les années 30 auprès de sa mère (Charlotte Gainsbourg) en Pologne, puis à Nice. Depuis sa plus tendre enfance, elle lui répète qu'il sera ambassadeur en France. Elle lui a inculqué de grands principes, comme celui de se battre uniquement pour les trois raisons suivantes : les femmes, l'honneur et la France. Elle ira jusqu’à lui demander d'aller assassiner Hitler ! 

En 1934, il part faire ses études à Paris à la faculté de droit. Il sera ensuite pilote de guerre. Son premier roman L’éducation européenne paraîtra en 1945. Le romancier obtiendra deux Prix Goncourt, un exploit jamais renouvelé : le premier en 1956 pour Les racines du ciel, le second en 1975 sous le nom d'emprunt d'Émile Ajar pour La vie devant soi.

Trois acteurs incarnent successivement Romain Gary - enfant, adolescent, puis adulte (Pierre Niney). J'ai aimé les transitions quand on passe d'un acteur à l'autre. Le film propose également de beaux décors, en Afrique et en Angleterre pendant la guerre.

C'est un film épique, avec de l'humour, remarquable pour ses deux interprètes principaux. J'ai particulièrement aimé le jeu de Charlotte Gainsbourg, son accent, elle a été vieillie pour le rôle et porte des prothèses. Le film dresse le portrait d'une mère déterminée et envahissante mais aimante. Romain Gary veut honorer la promesse faite à sa mère. Le titre provient de cette citation du roman éponyme :Avec l'Amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est ensuite obligé de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances”.